L’État privilégie une « solution individuelle » pour le projet agricole sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, « tournant le dos » définitivement à une gestion collective inspirée du Larzac, promue par les opposants à l’ex-projet d’aéroport.
« Nous pensons que la solution est une solution individuelle, dit Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique, le 20 mars 2018, après avoir reçu en préfecture, à Nantes, une délégation anti-aéroport. C’est à chaque personne se déclarant agriculteur exploitant de se mettre en situation de régularisation. Donc nous tournons le dos à toute forme de gestion collective ; en tout cas, c’est l’opinion de l’État, de l’ensemble de ces terres. »
Point de désaccord
Cette approche individuelle de la gestion des terres a été un point de désaccord lors de cette réunion, qui a duré plus d’une heure et demie, a reconnu le secrétaire d’État, qui dit avoir « indiqué très clairement » aux opposants que le Larzac « n’était pas le modèle que l’État retenait ». « Ce n’était pas une négociation, c’était un dialogue franc », a insisté Sébastien Lecornu, selon lequel a été rappelé « le calendrier en termes d’état de droit », et de l’échéance fixée par le gouvernement au 31 mars pour que les occupants de l’ex-emprise aéroportuaire régularisent leur situation.
« Il n’y a plus de projet d’aéroport, a martelé le secrétaire d’État. Aujourd’hui, on doit mener un projet agricole. Pour avoir un projet agricole, il faut des agriculteurs. Ceux qui sont reconnus comme agriculteurs de par la loi ont vocation à rester, ceux qui ne le sont pas ou qui ne veulent pas se faire reconnaître comme agriculteurs de par la loi n’ont pas vocation à rester. Il reste de nombreux jours pour que les uns et les autres puissent prendre leurs responsabilités en la matière. »
Rétablir l’état de droit
Le ministre a « rappelé la nécessité de rétablir l’état de droit et que les bras étaient ouverts pour tous ceux qui allaient avancer dans ce sens-là », a confirmé de son côté Marcel Thébault, exploitant agricole « historique » de la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Aucun nouveau projet agricole n’a encore été déposé à titre individuel car les opposants étaient « dans une démarche collective » de gestion du foncier, mais « ça va se formaliser, on avancera dans ce sens-là », a assuré l’agriculteur.
Pour un occupant de la Zad, si subsiste « un désaccord sur la question de la gestion du foncier, il y a des convergences de vues sur un certain nombre de projets qu’on pourrait mener à l’avenir sur la zone », notamment « qu’un ensemble de projets et d’acteurs du territoire puissent se fédérer ».
« L’état de droit est de retour »
Le lendemain, mercredi 21 mars, Sébastien Lecornu s’est rendu sur l’ex- « route des chicanes » traversant la Zad. Il déclare : « L’état de droit est de retour. Le Premier ministre avait fixé une feuille de route très claire le 17 janvier dernier dans laquelle l’axe routier était un point important. Vous avez pu constater qu’il avait été dégagé, les services du département ont commencé les travaux, mieux que ça, ils les ont pratiquement terminés. »
Interpellé par un groupe d’occupants de la Zad, dont certains avaient le visage dissimulé et lui demandaient de « dégager », le ministre a rétorqué : « Quelques élucubrations et quelques bruits, ça ne m’impressionne pas. Ce ne sont pas des gens cagoulés qui crient qui vont défier la République. »
« Le statu quo n’est pas possible. La décision que nous avons prise à Bure qu’une Zad ne s’installe pas, vous en avez la démonstration ici », a lancé Sébastien Lecornu, en référence aux squats implantés dans les champs en bordure de route.
Alors qu’un autre occupant assurait qu’il « souhaitait rentrer dans les règles », le ministre a évoqué les « situations très hétérogènes » sur la Zad. « Il y a des gens ici qui sont en situation légale et des gens qui ne le sont pas et qui visiblement n’ont pas l’air très calmes et qui sont cagoulés, dit-il. Et pour ces gens-là, par définition, la réponse sera différente. »