Pour autant, l’hôte de la Maison Blanche pourrait brandir l’arme des tarifs douaniers avec Mexico s’il n’obtenait pas satisfaction dans le contentieux sur l’immigration, affirme le Washington Post.
Un projet de « déclaration de mesure administrative » a été soumis au Congrès, ont indiqué les services du représentant au Commerce (USTR) Robert Lighthizer, qui ont négocié le traité.
La soumission de ce projet de déclaration signifie concrètement que l’administration Trump peut soumettre la loi d’application de l’accord AEUMCA au Congrès au plus tôt dans 30 jours à compter de jeudi, a-t-on expliqué de source proche de la Maison Blanche.
« Mais le moment choisi pour voter appartiendra au Congrès », a-t-on ajouté de même source.
Washington a ainsi emboîté le pas d’Ottawa et Mexico. Cette décision, « avant que nous ayons terminé de travailler avec » l’ambassadeur Lighthizer « n’est pas une initiative positive », a immédiatement réagi la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi dans un communiqué.
« Elle dénote la méconnaissance de l’administration de la manière de faire ratifier un traité commercial », a-t-elle souligné.
« Un bon accord pour les agriculteurs américains »
De son côté, le vice-président Mike Pence a estimé dans un tweet qu’il s’agissait d’un « bon accord pour les travailleurs, les agriculteurs et les industriels américains ».
Ce projet marque une étape supplémentaire vers la ratification mais ce n’est pas la dernière, a indiqué l’USTR. Ce projet « ne préjuge en rien du contenu […] du texte final », a-t-il ajouté.
L’administration américaine observe ainsi que la possibilité de trouver des solutions aux problèmes posés par l’opposition.
La semaine dernière, les trois pays nord-américains étaient parvenus à franchir un obstacle de taille avec la levée des taxes douanières américaines sur l’acier et l’aluminium en provenance du Canada et du Mexique, qui étaient en vigueur depuis le 1er juin 2018.
Comme préalable à tout processus de ratification, les deux pays exigeaient la suppression de ces tarifs douaniers. Ils avaient sur ce point le plein soutien de certains élus républicains américains.
« Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faille remplacer l’Aléna mais sans un véritable mécanisme de mise en œuvre (du nouveau traité), les travailleurs américains seraient de nouveau pris au piège d’un mauvais accord », a estimé jeudi Mme Pelosi.
Elle a également souligné que les démocrates étaient ouverts à l’approbation d’un nouvel accord mais à condition « qu’il soit positif pour les travailleurs et agriculteurs américains ».
Donald Trump avait imposé en août 2017 la renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna), en vigueur depuis 1994, qualifiant ce traité de désastre pour l’économie et les travailleurs américains.
Spectre des tarifs douaniers
Il le rend notamment responsable de la destruction de milliers d’emplois américains dans le secteur agricole et automobile en raison des délocalisations au Mexique où la main-d’œuvre est moins chère.
À l’issue d’âpres tractations, Washington, Ottawa et Mexico avaient conclu l’accord États-Unis, Mexique, Canada, dit AEUMCA, le 30 septembre 2018 avant d’être signé formellement deux mois plus tard.
Il prévoit notamment pour le secteur automobile un changement important des règles dites d’origine, imposant davantage d’achats de matériaux et de composants de fabrication américaine. Il inclut en outre une clause forçant le Mexique à augmenter les salariés du secteur.
Plus tôt jeudi, Mike Pence avait indiqué que Donald Trump était « absolument déterminé » à faire ratifier « cet été » l’AEUMCA, lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau au Canada.
Le temps presse pour Donald Trump et ses ministres puisque les vacances parlementaires débuteront au début d’août.
Le chef du gouvernement canadien avait, quant à lui, présenté mercredi au parlement canadien un projet de loi portant sur la ratification de l’accord. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a suivi jeudi en présentant l’accord pour ratification au sénat mexicain.
Si le nouveau traité était ratifié, il permettrait aux trois pays de continuer à s’échanger des milliards de dollars de produits sans aucun droit de douane.
Pourtant le président américain s’apprêterait à menacer le Mexique de nouveaux tarifs dans le cadre d’une tentative visant à contraindre le pays à réprimer l’afflux d’immigrants centraméricains demandeurs d’asile aux États-Unis, affirme le Washington Post citant trois responsables de l’administration.
Il pourrait faire cette annonce vendredi mais certains collaborateurs de la Maison Blanche s’efforceraient de l’en dissuader, pour éviter de risquer de compromettre l’approbation de l’accord commerciale, selon ces mêmes responsables qui ont requis l’anonymat.
La Maison Blanche n’a pas réagi à ces informations.