Depuis la suppression des quotas betteraviers, l’industrie sucrière européenne peine à assumer l’augmentation de la production et, surtout, la chute des cours mondiaux. La branche sucre du groupe allemand Südzucker a d’ailleurs dû faire face à d’importants déficits, contraignant le géant à mettre en place un plan de restructuration.

Un volume de 256 795 tonnes

Pourtant, en Belgique, un projet va à l’inverse de la morosité actuelle. Des producteurs de betteraves ont entrepris de lancer leur propre sucrerie, dont le modèle économique reposerait sur une coopérative.

Projet farfelu ? Pas vraiment, car la sucrerie de Seneffe a déjà obtenu son permis unique délivré par l’administration wallonne. « C’est complètement à contre-courant, sourit Benoît Haag, coordinateur du projet. Les producteurs souhaitent que la situation change et veulent avoir un vrai pouvoir décisionnel dans la gestion de leur sucrerie. » La coopérative compte être en mesure de traiter la récolte 2022. Sa capacité industrielle sera de 14 000 tonnes de betteraves par jour pour la râperie. Pour la sucrerie, le volume escompté est de 256 795 t par an (sur une saison de 115 jours). Derrière ce projet, près de cent personnes pourraient y trouver de l’emploi.

Comment cette coopérative serait-elle en mesure de concurrencer les géants de l’agroalimentaire ? En réduisant les coûts de production, notamment la facture énergétique. En partant d’une page blanche, les concepteurs du projet veulent mettre en place une usine hypercompétitive. « En Europe, on n’a plus construit d’usine de ce type depuis trente ans. Cela nous permettra de produire à des coûts plus bas, tout en offrant un meilleur prix aux agriculteurs. » Quant au producteur, il devra investir 11 000 € et il s’engagera à fournir, au minimum, 300 tonnes de betteraves par an. Le retour sur investissement est calculé sur quatre ans, sur la base d’un prix de 35 € la tonne (1).

Actuellement, le projet compte 1 400 coopérateurs, dont 1 250 producteurs. Ce n’est pas encore suffisant pour permettre le bouclage financier du projet, estimé à 327 millions. Pour le finaliser, il manque encore 20 % de capital agricole. Emmanuel Huet

(1) Il s’agit de la valeur de sortie du modèle financier de la sucrerie, extraite des prévisions à moyen terme de la commission européenne avec une interprétation prudente.