« En 2017, nous n’avons obtenu que 18 ha de contrats en maïs semence, contre 45 ha il y a trois ans. Cela fait 60 % de moins ! Nous avions investi dans des pivots d’irrigation et modernisé notre station de pompage. Il sera difficile de faire face aux annuités », explique Paul Coste, jeune agriculteur de Saint-Thibéry (Hérault), en cours d’installation avec son père, Louis, sur 60 ha de blé dur et semences, et 25 ha de vignes.
Les établissements semenciers n’ont précisé les surfaces contractualisées qu’à la fin de février. Il a fallu changer l’assolement en dernière minute. « Par le syndicat Semenciers du Sud, nous avons pu obtenir des contrats en tournesol semence. Mais le résultat est plus aléatoire qu’en maïs. Je fais des semences depuis trente ans et je n’avais jamais vu une telle chute de surface. Elle tombe au pire moment, car les prix du blé dur sont bas et les vins se vendent mal », se désole Louis Coste.
Cette année, le syndicat s’attendait à un recul des contrats de 10 à 15 %, mais pas de 40 %. La demande en semences de maïs fléchit, à cause du recul des surfaces de maïs consommation, mais aussi de la fermeture des marchés ukrainiens et russes. « Les établissements ont en moyenne un an de stocks. Nous comprenons qu’ils réduisent les contrats. Mais si nous avions été informés des surfaces dès l’automne, nous aurions eu davantage de solutions pour changer d’assolement », souligne Béatrice Pruvot, présidente de Semenciers du Sud, qui compte 110 adhérents.
Les solutions de remplacement
Pour amortir le choc, le syndicat a réussi à obtenir des contrats en tournesol semence et en maïs semence bio. Des établissements ont offert des semences de maïs et de sorgho pour implanter à moindre coût des cultures pour la consommation. Mais tout cela ne suffira pas à préserver les marges.
« Cet été, je n’emploierai que six saisonniers au lieu de 40. Il faut serrer tous les boulons pour passer le cap, et convaincre les banques de nous soutenir. Les aides Pac apportent une garantie. Mais celle-ci perd de sa solidité avec les retards de paiement et les incertitudes sur les montants des aides à venir », constate Béatrice Pruvot. Pas question pour autant de baisser les bras. « Le syndicat a déjà pris des contacts pour développer le soja semence et les semences potagères en 2018. »