« Le décès de Xavier Beulin nous a tous chamboulés, confie avec émotion Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère. C’était un breton dans l’âme… » En tribune, pour les discours officiels, ou à la buvette entre connaissances, les hommages à l’ancien président de la FNSEA se sont multipliés lors du 71e congrès du syndicat, qui s’est tenu à Brest les 28 et 29 mars 2017.
Un « congrès de transition », selon la formule de certains participants, puisque les adhérents aux syndicats majoritaires étaient invités à élire leur nouveau conseil d’administration. Lequel devrait, en toute logique, désigner l’actuelle présidente par intérim, Christiane Lambert, à sa tête le 13 avril prochain.
Unité syndicale
Pour Thierry Merret, comme pour d’autres, la priorité de la nouvelle équipe sera de « prolonger le travail de pacification entamé par Xavier Beulin dans les régions d’élevage, de céréales, de montagne ou de viticulture ». En d’autres termes, d’œuvrer à l’unité syndicale, en particulier entre les associations spécialisées. « Le challenge sera difficile, reconnaît le président finistérien. Mais nous n’avons pas le choix si nous voulons porter nos idées au niveau européen. »
Christiane Lambert semble déterminée à arbitrer ce jeu démocratique pour « redorer le blason » de son syndicat. En particulier face aux incertitudes qui agitent la scène politique française et européenne.
Pas d’issue sans l’Europe
Alors que sept candidats sur onze à l’élection présidentielle vont plancher jeudi à Brest devant le Conseil de l’agriculture française, la FNSEA a réaffirmé haut et fort ses convictions proeuropéennes.
« Aujourd’hui, la bonne dimension c’est l’Europe », a déclaré Christiane Lambert. Mais « c’est un triste anniversaire pour l’Union européenne que de fêter ses 60 ans au moment où la Grande-Bretagne quitte aujourd’hui même l’Union », a-t-elle ajouté. Alors qu’un certain nombre de candidats prônent des replis nationalistes allant pour certains jusqu’au Frexit, le syndicat s’est attaché dans son rapport d’orientation à démontrer que l’application d’un tel scénario conduirait à de dramatiques conséquences économiques pour le secteur agricole.
UE à « géométrie variable »
Si en tant que syndicat, la FNSEA ne peut et ne veut pas donner de consignes de vote, elle délivre néanmoins au passage un message de mise en garde en direction des agriculteurs qui seraient tentés par de telles sirènes. « La FNSEA a fait depuis longtemps un vrai choix européen », a expliqué à la tribune Henri Brichart, l’un des trois rapporteurs, tout en constatant en même temps « que l’Europe ne fait plus rêver ». Pour Jérôme Volle, autre rapporteur, « la sortie de la France n’est pas une option mais le statu quo non plus ».
Dans son rapport, la FNSEA fait un diagnostic qu’elle qualifie de « lucide » et « sans concession » sur les dysfonctionnements de l’Europe actuelle et formule des propositions pour réenclencher la marche avant et repenser le projet agricole européen. Elle va du reste bien au-delà des seules questions agricoles et se prononce notamment en faveur d’une Europe à géométrie variable où avanceraient ensemble de « pays pionniers ouvrant la voie à une véritable Union économique, financière, bancaire et budgétaire ».
Pour appuyer son propos, la FNSEA a projeté plusieurs témoignages de députés européens allant dans ce sens (Michel Dantin et Angélique Delahaye (PPE), Pervenche Bérès (S&D)).