La Bretagne a beau ne pas être une région montagneuse, elle n’est pas dénuée de reliefs. Ces derniers compliquent d’ailleurs parfois l’utilisation d’objets connectés. Olivier Abalain, ainsi que ses frères Nicolas et Pierre-Yves, associés au sein du Gaec de Kerlarret, en ont fait l’expérience. Avec leur salarié Alexandre, ils élèvent 250 vaches laitières à Lanneuffret, dans le Finistère. Les génisses, quant à elles, sont sur un autre site, à 5 km de distance.

 

Un coffre est disposé sous le panneau solaire, au pied de l’antenne. Il comprend une batterie pour le stockage de l’électricité, et un dispositif pour celui des données et avertir les éleveurs des chaleurs. © G. Baron
Un coffre est disposé sous le panneau solaire, au pied de l’antenne. Il comprend une batterie pour le stockage de l’électricité, et un dispositif pour celui des données et avertir les éleveurs des chaleurs. © G. Baron

Surveiller les chaleurs

En 2019, le choix a été fait d’équiper le lot de renouvellement de colliers d’activité. Avant, la surveillance des chaleurs demandait beaucoup de temps aux éleveurs. « Il fallait faire les allers-retours pour observer la trentaine de génisses en âge d’être inséminées, et détecter leurs chaleurs, explique Olivier. Nous devions ensuite retourner à la ferme pour prendre les paillettes puis revenir pour effectuer les inséminations. » De plus, l’opération chronophage devait être répétée une à deux fois par semaine.

 

Le système est installé sur une remorque de voiture. Olivier la déplace avec un pick-up lorsque c’est nécessaire. © G. Baron
Le système est installé sur une remorque de voiture. Olivier la déplace avec un pick-up lorsque c’est nécessaire. © G. Baron

Un système embarqué sur une remorque de voiture

L’exploitation a donc acquis des colliers d’activité de chez Allflex. À l’intérieur, un accéléromètre mesure les mouvements au niveau du cou des bovins. Pour récolter les données et notifier les éleveurs des chaleurs, une antenne a été installée sur le bâtiment des génisses. Un problème s’est alors posé : sur la quinzaine d’hectares pâturables du site, seulement cinq d’entre elles étaient localisées dans une zone captée par l’antenne. En effet, une partie des parcelles se trouve en contrebas, dans un vallon aux pentes raides. L’éloignement et la topographie bloquent la transmission de données depuis les colliers vers le bâtiment situé plus haut. « Il était dommage que cela ne fonctionnait pas partout. Mais quand le troupeau était dans une zone qui recevait, nous étions satisfaits, expose Olivier. Nous avons donc commencé à chercher des dispositifs mobiles. Et c’est justement à ce moment-là qu’Allflex a sorti cette station de monitoring mobile et autonome. »

 

La topographie très vallonnée du lieu bloquait les échanges de données entre les colliers et l’antenne, auparavant située sur un bâtiment. © G. Baron
La topographie très vallonnée du lieu bloquait les échanges de données entre les colliers et l’antenne, auparavant située sur un bâtiment. © G. Baron

Le Gaec de Kerlarret, en 2020, a ainsi été le premier élevage français à se doter de ce procédé. L’antenne a été enlevée du toit pour être fixée sur une remorque de voiture, accompagnée d’un panneau solaire, d’une batterie et d’un système de télécommunication.

Lorsque les données d’activité, de rumination et d’ingestion correspondent à l’expression d’une chaleur, Olivier reçoit alors un SMS. Il a la possibilité de vérifier les courbes depuis son smartphone ou d’un ordinateur. Les informations sont automatiquement intégrées à l’outil numérique de gestion de troupeau.

Ce dispositif est mobile, il peut être transporté dans n’importe quelle zone, sans avoir besoin d’être connecté à un réseau électrique ni téléphonique. « Pour déplacer la station, je me sers du pick-up, et cela fonctionne très bien. Je n’ai pas besoin de changer les génisses de place aussi souvent que la station. » Les animaux vont sur un autre paddock environ une fois par semaine, tandis que la station est bougée toutes les trois à quatre semaines, comme le parc de contention (lire l’encadré ci-dessous). En l’absence d’obstacle, la portée annoncée de l’antenne est de 500 m. « J’ai même l’impression que c’est davantage, sourit Olivier. Il m’arrive de voir des numéros de capteurs qui ne correspondent pas à mes bêtes, mais à celles d’un voisin. »

Le parc de contention n’est jamais bien loin de la station et du troupeau. Les inséminations sont directement réalisées dans la parcelle. © G. Baron
Le parc de contention n’est jamais bien loin de la station et du troupeau. Les inséminations sont directement réalisées dans la parcelle. © G. Baron

 

Temps gagné, performance de reproduction

Les associés ne regrettent pas leur investissement : « Nous avons gagné du temps, dans tous les sens du terme », se félicite Olivier. Côté temps de travail, il estime le gain à environ une demi-heure en moyenne par génisse inséminée. « Quand on observe les courbes et que l’on remarque que les chaleurs sont franches, on y va directement avec le bon nombre de paillettes. » Du point de vue zootechnique, il faut compter désormais cinq semaines pour qu’un lot d’une trentaine d’animaux soit fécondé. « Avant, c’était le double ! »

Comparée à une solution de monitoring classique, la station autonome a un surcoût de 2 500 €, sans compter la batterie qui est à la charge de l’éleveur. G. Baron