Alors que s’ouvrent les négociations commerciales pour 2018-2019 entre les distributeurs et leurs fournisseurs, dans un climat toujours tendu, les marchés de gros rappellent qu’ils jouent eux aussi un rôle primordial dans la distribution alimentaire. Mieux, ils s’offrent aux producteurs comme « une alternative au dialogue unique avec la grande distribution », selon les termes de Stéphane Layani, P-DG de Rungis, qui s’exprimait lors d’un colloque organisé au Sénat, le 30 novembre 2018. À ceci près que « nous sommes des créateurs de valeur, car nous ne recherchons pas de marges arrière », a-t-il précisé.

Une remarque confirmée par Samuel Vandaele, vice-président de Jeunes Agriculteurs (JA) : « Les marchés de gros sont des créateurs de valeur, mais c’est surtout le lieu où la valeur est la mieux répartie ! »

« Orienter le marketing-produit des agriculteurs »

À l’occasion de cette journée réservée au rôle des marchés de gros dans l’approvisionnement en produits locaux, une charte d’engagement a été signée entre leur Fédération (la FMGF), les confédérations du commerce de gros et de détail (CGI et CGAD) et les producteurs, représentés par la FNSEA et JA. Cette démarche fait suite à celle initiée par la FMGF et JA en juillet 2018, visant à inciter les différents acteurs à travailler « main dans la main ». En particulier en ce qui concerne la valorisation des produits.

Les signataires s’engagent notamment à travailler au sein des filières à une meilleure adaptation de la production agricole à la demande des professionnels des métiers de l’alimentation. « Nous sommes un chaînon indispensable pour orienter le marketing-produit des agriculteurs », justifie Stéphane Layani.

Cap sur les PAT

Ils se proposent par ailleurs de participer « activement » aux plans de filière au sein des interprofessions et de promouvoir les projets alimentaires territoriaux (PAT), tout en revoyant leur gouvernance « afin que chaque acteur de la filière puisse jouer son rôle de valorisation des produits ».

Christian Berthe, président du marché de Lyon-Corbas, a mis en garde à ce propos contre les « modèles subventionnés ». Pour plus de fiabilité, « il faut faire des choses intelligentes entre professionnels », a-t-il insisté. Et de tendre une main aux producteurs pour bâtir ces nouvelles relations : « Ne commettez pas la même erreur que dans les années quatre-vingt en mettant de côté les grossistes. Nous avons des solutions pour vous ! »

Alain Cardinaux