Introduite par le ministre de l’Agriculture, qui a longuement remercié et félicité les chambres et les présidents d’atelier, la table-ronde donnait la parole à quatre coprésidents d’atelier : Jean-Pierre Raynaud, président de la commission agricole des Régions de France, Guillaume Garot, député de la Mayenne et ancien ministre délégué à l’agroalimentaire, Sébastien Windsor, président d’Unilasalle, et Serge Papin, président de Système U. L’atelier 5 portant sur « des prix plus rémunérateurs », dont la dernière réunion s’était tenue le matin même, a particulièrement retenu l’attention.

Serge Papin en totale « liberté »

C’est en « porteur de bonnes nouvelles » que son coprésident Serge Papin s’est présenté. Son mandat de président de Système U s’achevant définitivement en 2018, il a réaffirmé sa totale « liberté » au service de « l’intérêt général ». Arrivé dans un objectif de « réconciliation », le président de Système U avait fort à faire au vu de la situation dont il rend la loi de modernisation de l’économie (LME) en partie responsable.

« Le Nutella est subventionné par la pomme Royal gala »

Selon lui, la LME a « favorisé la loi du plus fort et la guerre des prix », ainsi que les produits les plus vendus et les plus marketés au détriment des produits de base, souvent agricoles. « Le Nutella est subventionné par la pomme Royal Gala », caricature-t-il, lâchant au passage des chiffres éloquents : 3,49 % de marge de la grande distribution sur le Nutella contre 36 % sur la pomme… « C’est la base de l’injustice vécue par le monde agricole, et je suis arrivé dans cet atelier avec l’ambition de changer ça », explique-t-il.

Un prix qui part du producteur

Objectif en partie rempli, puisqu’un nouveau modèle de contrat a émergé de l’atelier 5, qui « inverse la construction du prix en partant de la production », se félicite Serge Papin. « À partir d’indicateurs nouveaux, il permettra de mieux être en phase avec les prix de revient des agriculteurs. » Approuvé à l’unanimité des 60 parties prenantes, ce modèle de contrat ne prendra toutefois tout son sens que si l’atelier 7, qui doit traiter notamment de l’encadrement des promotions et du seuil de revente à perte, aboutit lui aussi à des propositions concluantes.

« Il faudra être courageux politiquement pour tenir les positions… »

Mais le président de Système U met déjà en garde contre des « menteurs et manipulateurs », visant, sans le citer nommément, un certain M. Leclerc. « Certains agitent le chiffon rouge en disant que les prix à la consommation vont augmenter de 10 à 15 %, c’est un mensonge qui peut tout faire capoter ! Cela voudrait dire que les distributeurs vendent actuellement au seuil de revente à perte. » Et de marteler : « C’est faux ! Moins de 1 % est concerné ! Mais maintenant que le tam-tam médiatique est parti, il faudra être courageux politiquement pour tenir les positions… » A ce moment du discours, Stéphane Travert avait déjà quitté la salle…

Bérengère Lafeuille