Organisée par l’Association des journalistes agricoles (Afja), une table-ronde sur l’avenir de l’agriculture a rassemblé le 3 juillet 2017 à Paris deux journalistes aux convictions a priori divergentes : Éric de La Chesnais, du Figaro, et Gérard Le Puill, de l’Humanité. Une occasion aussi de présenter leurs livres aux titres alarmistes parus cette année : « Agriculteurs : les raisons d’un désespoir » (1) pour le premier, et « France 2017-2022. Devant l’urgence climatique, bousculons les politiques » (2) pour le second.

En finir avec les « baronneries »

L’agriculture française est dans un état catastrophique, estime Éric de La Chesnais : victime des ravages des marchés mondiaux et de la férocité de l’aval qui capte la marge, elle disparaît lentement mais silencieusement, dans la plus grande indifférence de la classe politique qui n’aurait que « dédain pour la paysannerie française... » Mais tout n’est pas perdu !

Des initiatives d’avenir fleurissent, bousculent le modèle conventionnel perpétué, selon lui, par le syndicat majoritaire. L’attaque est directe, mais ce sont davantage les « baronneries » qui trustent les instances agricoles qui sont visées par le journaliste du Figaro, que la ligne syndicale de la FNSEA. Il lui semble urgent d’ouvrir les portes des structures représentatives agricoles et d’y faire entrer le pluralisme et la créativité de l’ensemble des acteurs.

Le tableau n’est pas moins sombre pour Gérard Le Puill, soucieux de rappeler l’urgence climatique et la nécessité de changer de modèle : limitation des échanges internationaux de produits agricoles, priorité à l’autonomie alimentaire des élevages, renforcement des cultures protéiques, relocalisation des productions maraîchères, développement de l’agroforesterie…

La liste est longue et l’issue existe. « L’adaptation de nos pratiques au changement climatique est impérative, insiste Gérard Le Puill, avant de conclure : « L’agriculture doit être repensée de fond en comble pour garantir la souveraineté alimentaire et une planète vivable. »

Sophie Bergot

(1) Agriculteurs : les raisons d’un désespoir, d’Éric de La Chesnais et Arash Derambarsh (éditions Plon, mars 2017).

(2) France 2017-2022. Devant l’urgence climatique, bousculons les politiques, de Gérard Le Puill (Éditions du Croquant).