Hasard heureux du calendrier : à quelques jours du lancement des États-généraux de l’alimentation, le think-tank agroalimentaire des Échos a présenté ses travaux de l’année à Paris, le jeudi 29 juin 2017. En partant du constat selon lequel « les problèmes agricoles actuels sont davantage liés au manque de compétitivité de la filière agroalimentaire dans son ensemble qu’au seul comportement de la grande distribution », a présenté Olivier Dauvers, directeur du think-tank.

« Engager une révolution culturelle »

Ses réflexions ont notamment porté sur l’amélioration de la compétitivité de la ferme France, invitée à engager « une véritable révolution culturelle ». Notamment en passant « d’une logique de prix agricoles à une logique de coûts de production » : « Encore aujourd’hui et n’en déplaise à l’écosystème du conseil agricole, les coûts de production n’ont pas à place centrale qu’ils devraient avoir dans l’analyse des exploitations par les exploitants eux-mêmes. » Une critique valable pour l’ensemble des autres maillons de la chaîne…

Mais comment penser sereinement une refonte de l’accompagnement agricole dans un contexte fragilisé par la volatilité des cours ? Pour le think-tank, il ne s’agit pas tant de supprimer la volatilité, qui a toujours existé selon lui, mais de « mieux la gérer ».

« Il est nécessaire de réacclimater l’économie agricole et agroalimentaire à la volatilité, estime-t-il. Tout d’abord en intégrant davantage la gestion du risque volatilité dans le pilotage des entreprises. Ensuite, par l’amélioration ou la création de mécanismes assurantiels, fiscaux, contractuels. Enfin, Il est nécessaire d’assurer la fluidité des prix jusqu’au consommateur. En clair, que la volatilité aille jusqu’aux étiquettes en rayon ».

Il est ainsi préconisé d’assouplir la DPA et d’abaisser les coûts d’assurance pour leur permette de changer d’échelle, « d’abord en réduisant le niveau de franchise de 30 à 20 %, ensuite en invitant l’État à faire valoir sa garantie auprès des compagnies d’assurances ». Aussi de généraliser la contractualisation sur le prix et les volumes.

« Reconnecter la filière à la société »

La « révolution culturelle » souhaitée concerne aussi les rapports de toute la chaîne alimentaire avec la société. L’objectif est souligné avec clarté : la transparence de chacun de ces acteurs, en ouvrant les fermes et les usines, y compris « à ceux qui contestent la filière, même de la manière la plus véhémente, voire caricaturale ».

Autant de pistes qui pourront alimenter les États-généraux de l’alimentation cet été. Ce think-tank démontre à ce titre qu’il est possible de faire plancher ensemble exploitants, industriels et distributeurs, pour un objectif commun, au moins au stade de la théorie. De bon augure, en attendant la concrétisation ?

Alain Cardinaux