« Un système alimentaire qui a atteint ses limites en termes de durabilité. » C’est ainsi qu’un rapport de l’Ademe qualifie le modèle agricole et agroalimentaire français. Ce document intitulé « Analyse des enjeux économiques et sociaux d’une alimentation plus durable » met en cause les coûts cachés dans la différence des prix entre alimentation conventionnelle et durable.
Des coûts cachés environnementaux
Pour l’Ademe les coûts cachés se trouvent par exemple dans « la pollution de l’eau » ou encore « les émissions de gaz à effet de serre » émis par l’ensemble de la filière, du producteur aux consommateurs. Le rapport explique que certains consommateurs acceptent déjà ces coûts à travers des productions durables plus chères. Il peut s’agir de produits en agriculture biologique, AOP, commerce équitable, circuits courts de proximité et projets alimentaires territoriaux.
« Systématiser la prise en compte des coûts cachés à l’ensemble des filières permettrait de mettre fin au “dumping social et environnemental” actuel des produits dont les prix n’intègrent pas tous les coûts qu’ils génèrent dans le cadre de leur production et de leur consommation », analyse l’Ademe.
La tendance semble suivre une pente positive puisque les cinq modèles cités ci-dessus voient leur vente progresser. « Chiffre d’affaires du bio multiplié par 3,5 en 10 ans ; fromages AOP en croissance de 2 à 3 %, résistant à la crise laitière », chiffre le rapport.
Des surmarges sur les produits durables
L’étude révèle aussi que le surcoût des aliments durables ne provient pas uniquement de la prise en compte des coûts cachés. « Taux de marge sur les fruits et légumes en grande distribution identique en bio et non bio, donc une marge supérieure en valeur absolue », cite ainsi en exemple l’Ademe.
Pour se rapprocher d’un système durable l’Ademe adressent plusieurs recommandations aux filières agricoles et agroalimentaires. Il s’agit notamment de clarifier les différents coûts de production avec plus de transparence « pour des prix plus proches du coût réel supporté par la société ». Le rapport préconise également une juste répartition du surcoût sur l’ensemble des acteurs de la filière avec disparition des « surmarges ».
Les recommandations concernent également le consommateur. Si l’Ademe lui propose de prendre en compte les critères de durabilité dans ses achats alimentaires, il lui demande aussi d’accepter « des compromis en termes de durabilité pour permettre à des systèmes en transition d’évoluer dans le bon sens ».