La guerre des prix a encore frappé en 2017. Tel est le constat de Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), lors d’un point de presse le 20 mars 2018. Sa présentation du bilan économique de l’industrie alimentaire de 2017 et des perspectives de 2018 souligne même un phénomène encore amplifié par les dernières négociations commerciales, et ce, malgré les États-généraux de l’alimentation (EGA).

Dans un communiqué, l’Ania prévient d’une « réalité économique et financière globale qui se détériore, notamment au regard du reste de l’industrie ». Le taux de marge des entreprises alimentaires recule en 2017, pour atteindre son plus bas niveau depuis 40 ans. Quant à la production, elle continue de reculer. « En parallèle, les prix des produits de grande consommation alimentaire ont continué de reculer, pour une baisse totale de près de 4 points entre 2014 et 2017 », poursuit l’Ania, qui accuse la guerre des prix à laquelle se livrent les distributeurs, et représenterait une perte de près de 4 milliards d’euros pour la filière alimentaire depuis 2014.

90 % des entreprises ont besoin d’une hausse

Selon le dernier Observatoire des négociations commerciales de l’Ania, en date du 5 mars 2018, 90 % des entreprises consultées avaient besoin d’une hausse de tarif afin de conduire leur stratégie commerciale. « Mais 47 % ont finalement signé en déflation et si 37 % ont obtenu une modeste hausse de tarif, elle reste toutefois bien éloignée de leurs besoins », déplore l’Ania.

Dans le prolongement des discussions des EGA, l’Ania attend le projet de loi actuellement en discussion au Parlement, qui promet de rééquilibrer les marges sur l’ensemble des produits alimentaires dans le but de recréer de la valeur pour tous les acteurs de la filière, au bénéfice du consommateur.

« Les entreprises alimentaires et le monde agricole ne peuvent plus attendre, martèle Jean-Philippe Girard. Il nous faut une loi qui rééquilibre le rapport de force entre 17 647 entreprises, 500 000 exploitations agricoles, et seulement 4 centrales d’achat de la grande distribution qui détiennent 92 % du marché… »

L’Ania souhaite aussi que soient appliquées de véritables sanctions, « car aujourd’hui les amendes prononcées à l’égard des distributeurs ne sont nullement dissuasives, encourageant même les mauvaises pratiques. »

h.chaligne Hélène Chaligne Journaliste web HeleneChaligne