Hasard du calendrier, le salon Vivatech s’est tenu du 16 au 18 mai à Paris, deux semaines après la sortie de Didier Guillaume préconisant un retour « aux pratiques de nos grands-parents ». Devenu un rendez-vous incontournable de toutes les entreprises et start-up qui comptent dans le domaine de la high-tech, Vivatech est le lieu idéal pour flairer les dernières tendances, depuis les solutions déjà commercialisables jusqu’aux délires futuristes. Alors que l’édition 2018 avait consacré une surface importante aux start-up et entreprises innovantes de l’agriculture et de l’agroalimentaire, l’AgTech s’est montrée en retrait en 2019, cédant la place aux géants du luxe et de la mode. Néanmoins, au détour des allées, nous avons repéré des inventions qui vont bouleverser la façon de travailler des agriculteurs.
Manutention sans effort
Du sac d’aliment de 50 kg au bidon de produits phytosanitaires de 25 l, les exploitants portent tous les jours de lourdes charges et ne s’économisent pas. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent d’ailleurs 88,1 % des maladies professionnelles des paysans, selon la MSA. Pour la manutention courante, la roue robotisée TwinsWheel peut transporter les charges qui seraient habituellement poussées par l’agriculteur dans une brouette. Ce robot est capable de suivre son maître ou de se déplacer sur un trajet préprogrammé.
Pour les travaux qui nécessitent une intervention directe, l’exosquelette est une solution prometteuse. Il se porte comme un sac à dos avec des extensions au niveau des bras et éventuellement des jambes. Ainsi équipé, il est possible de soulever une charge de 20 à 25 kg sans aucun effort.
Le béton sur mesure
Dans ce salon riche en innovations, Bouygues a réussi a attiré les visiteurs grâce à son imprimante à béton en 3D, développée en partenariat avec la start-up Soliquid. Contrairement à la méthode dévoilée en 2015, qui permet de fabriquer des murs en déposant couche de béton après couche, le dispositif Soliquid réalise des pièces complexes. Le béton est injecté dans un gel spécial réutilisable. Pour un agriculteur, cette solution offre la possibilité de confectionner des pièces uniques, par exemple pour un élément très spécifique dans un bâtiment d’élevage. La pièce en béton extraite du gel est déjà solidifiée et peut être intégrée à l’ouvrage
Recharge par induction
Après l’impression du béton en 3D, le stand le plus fréquenté était celui de Citroën. Le constructeur français a profité de l’occasion pour dévoiler la 19_19 Concept, une routière 100 % électrique, autonome et ultra-connectée. La grande particularité de ce véhicule est sa recharge sans fil, par induction. Si cette technique est inédite dans le domaine de l’automobile, elle est déjà connue dans le secteur agricole puisque certaines mélangeuses autonomes utilisent ce procédé pour se recharger
Robots à pattes
Des chercheurs du CNRS ont conçu le premier robot à pattes capable de se déplacer sans GPS. AntBot explore ainsi son environnement de manière aléatoire et rentre à la maison automatiquement, sans GPS, ni cartographie. Son secret réside dans une boussole céleste sensible à la lumière polarisée du ciel. Les chercheurs du CNRS imaginent déjà cet outil évoluant dans un champ, indépendamment des rangs semés.
Davantage d’autonomie
Du panneau solaire dépliable d’Osol jusqu’au lampadaire déplaçable garni de panneaux photovoltaïques, les techniques pour produire de l’électricité sur les pâtures ou dans la cour de la ferme sont nombreuses. Les ombrières aussi se garnissent de panneaux. Chez Ombrea, cette solution permet de rentabiliser l’installation plus rapidement. Selon les représentants de la start-up, le dispositif de l’ombrière a le vent en poupe depuis deux ans, afin de protéger les cultures de la sécheresse.
Toujours pour lutter contre les effets de la sécheresse, Telaqua a développé un dispositif de pilotage connecté de l’irrigation pour les asperseurs. Loin des images d’épinal et du « c’était mieux avant » qui font rêver certains, l’agriculture du futur s’invente aujourd’hui avec deux lignes directrices : moins de pénibilité et plus d’efficacité.
Corinne Le Gall