Le Cantalien Jacques Mézard ne sera resté qu’une trentaine de jours au ministère de l’Agriculture, avant de filer à la Cohésion des territoires. Un bref passage qui lui aura tout de même permis d’annoncer, la veille de son départ, un énième calendrier prévisionnel de versement des aides Pac. Un cadeau de bienvenue pour son successeur, en forme de « patate chaude »… « Tu vas hériter de ce calendrier. Je sais que tu feras en sorte qu’il soit tenu, car nos agriculteurs voulaient un message clair sur les délais de paiement », a-t-il lancé à Stéphane Travert, nouvelle tête du gouvernement Philippe 2, lors de la passation de pouvoirs, le 22 juin.

Ancien député de la Manche et macroniste de la première heure (lire l’encadré), Stéphane Travert a tout de suite voulu rassurer quant à son désir d’action : « Nous allons nous mettre au travail. Je compte sur les agents de ce ministère pour nous épauler, nous préparer et faire en sorte que nous prenions chaque jour les bonnes décisions », a-t-il affirmé depuis son perron. Et de confirmer le lendemain, au micro de RTL, un règlement des retards « pour beaucoup avant la rentrée de septembre » (voir infographie).

Cafouillages

La profession aimerait bien y croire. Mais échaudée par les nombreuses promesses non tenues, elle reste méfiante et met la pression. « Nous resterons plus que jamais vigilants », prévient la FNSEA. La Coordination rurale menace de son côté d’interdire l’accès des contrôleurs aux fermes « tant que le solde restant dû des années précédentes ne sera pas crédité sur les comptes des agriculteurs ». Les syndicats ont eu à cœur cette semaine de faire remonter la colère du terrain à Stéphane Travert, lors de leurs rendez-vous respectifs avec ce dernier.

Les cafouillages ont commencé avec la « nouvelle Pac », en 2015 : cartographie mise à jour, refonte des aides découplées, régionalisation des aides environnementales… Les logiciels de l’administration n’ont pas suivi. Pour éviter les pénalités de Bruxelles, qui exige un paiement avant le 30 juin de l’année suivante, la priorité est donnée aux aides du 1er pilier. Résultat, un retard qui s’est accumulé et qui n’est toujours pas rattrapé. Début juillet, on se retrouve avec des aides MAEC et bio au titre de 2015 non encore finalisées ! Deux ans de patience, c’est long et difficile pour la trésorerie. D’autant qu’avant, c’est-à-dire jusqu’en 2014, un acompte arrivait mi-octobre et le solde en décembre. Un rythme qu’on devrait retrouver pour la campagne 2018, promet le ministère. Les agriculteurs souffrent déjà bien assez de la volatilité des prix pour ne pas ajouter à leur peine la volatilité des promesses… C’est d’ailleurs l’objet de l’autre calendrier tombant sur les bras du nouveau ministre : celui des États généraux de l’alimentation, qui seront lancés en juillet. Objectif : trouver le moyen d’assurer un prix rémunérateur aux producteurs. Là encore, des comptes sont attendus.