Le vent tourne pour la production de biodiesel de première génération. En effet, la profession s’interroge depuis la décision de l’industriel Saipol (Avril) de réduire ses activités d’estérification en France « afin de faire face à une situation économique défavorable tout en préservant l’emploi, explique le groupe Avril. Cette réduction résulte d’éléments conjoncturels, notamment d’une baisse importante des commandes, les projections de ventes de Saipol au début d’avril 2016 s’élevant à 928 000 tonnes, contre 1,5 million de tonnes en 2015 à la même période », chiffre le groupe. Les conditions économiques et réglementaires du marché s’érodent « dans un contexte de baisse du prix du gazole et du taux de change euro/dollar », d’après lui.
Surcapacité industrielle
Derrière cette décision stratégique conjoncturelle, les experts décryptent l’amorce d’une modification globale du paysage des biocarburants européens sur le long terme. « Au-delà d’un manque de compétitivité de nos biocarburants, on observe avant tout un revirement stratégique enclenché par un positionnement politique européen et français moins enclin à soutenir la production de biodiesel de première génération », explique Antoine Liagre, analyste chez Offre et demande agricole (ODA). Les industriels français avaient en effet investi dans des usines en vue de remplir l’objectif européen d’incorporation de 20 % de biocarburants d’ici à 2020.
Malgré des hausses de mandats en France notamment (à 7,7 % aujourd’hui), l’industrie du biodiesel reste en surcapacité de production. D’où un requalibrage de l’industriel français qui s’attend - en plus d’un moindre soutien politique - à une baisse des volumes de colza disponible à la trituration. « Le secteur du biodiesel européen de première génération n’est plus aussi porteur, l’industrie devra adapter sa stratégie à long terme », analyse l’expert.