Enfant, Jean Decombard ne jouait pas au train électrique. Les tracteurs et moissonneuses-batteuses miniatures que son père lui rapportait du salon de l’agriculture lui suffisaient. « Je moissonnais les tapis de ma mère ! », se souvient ce céréalier, installé sur 240 ha à Fontaines (Saône-et-Loire).
Après avoir cassé les petites machines pour en explorer l’intérieur, le garçon passe à une phase plus constructive. « Dès douze ans, je savais souder et je réparais les vélos des copains. » Parallèlement, il commence à créer des modèles réduits au 1/32e. « Fabriquer des miniatures permet de s’offrir le matériel qu’on aimerait posséder en réalité mais qu’on ne peut pas se payer. C’est aussi un moyen de s’évader tout en réalisant quelque chose de ses dix doigts. »
Un Johnny boy
Dans sa maison neuve construite près de son atelier mécanique, Jean a dédié une pièce à sa passion. Des centaines de tracteurs (John Deere essentiellement) et des engins agricoles miniatures sont soigneusement alignés sur des étagères. L’agriculteur y passe des heures à bricoler, en particulier le soir, lorsque ses deux filles sont couchées. Il aime modifier, personnaliser, améliorer les tracteurs achetés dans des magasins spécialisés. Sur un petit John Deere, il a rajouté un relevage avant. Sur un plus gros, il a monté un attelage américain avec un clignophare, changé les roues et installé un relevage arrière européen, avant de repeindre le tout.
Le trentenaire aime surtout fabriquer des engins attelés. « Le travail commence par l’exécution d’un plan sur papier millimétré », explique le titulaire d’un bac pro agro-équipement, qui a été apprenti chez un concessionnaire John Deere. Pour une miniature en cours, il a récupéré l’essieu et le timon d’attache sur un covercrop acheté chez Universal Hobbies. Les vérins hydrauliques ont été trouvés par ailleurs. Les pièces manquantes sont fabriquées avec des tiges de Strip Styrene. « Pour les formes impossibles à réaliser avec un cutter, je recours à l’impression 3D, au moulage plastique ou au fraisage numérique. Mais ça ne résout pas tout. Il est impossible de fabriquer une dent de chisel en plastique. »
Aux Etats-Unis, Jean serait un « Johnny Boy ». C’est ainsi que sont nommés les passionnés d’engins John Deere. « En France, ce n’est qu’une marque. Aux Etats-Unis, c’est une légende. »