Sur la route qui mène au Royal Welsh Show, à Builth Wells, dans le centre du Pays de Galles, la branche galloise du principal syndicat agricole britannique NFU a semé 150 meules de foin, recouvertes d’un message publicitaire, appelant à soutenir l’agriculture galloise.
Depuis que les Britanniques ont voté la sortie de leur pays de l’Union européenne, les agriculteurs gallois sont inquiets. Parmi leurs exportations, 92 % du bœuf, 93 % de l’agneau et 98 % des produits laitiers sont actuellement envoyés vers les pays de l’UE, dont une grande majorité vers la France.
Au Royal Welsh Show, du 18 au 21 juillet, le Brexit était sur toutes les lèvres. « Pour l’instant, comme la livre est basse, nous sommes plutôt favorisés. Nous gagnons 11 à 12 % de plus sur un agneau, explique Stuart Morris, éleveur de moutons lleyn. Mais lorsque nous serons sortis de l’UE, il y aura des répercussions importantes, notamment sur les tarifs douaniers. Or, j’exporte la majorité de ma production vers l’Europe. Je déteste l’idée de devoir sortir de l’UE, je veux pouvoir continuer à vendre mon agneau au plus grand nombre ! »
Menace sur les exportations
Pour Abi Reader, représentante NFU dans le comté du Glamorgan et éleveuse de vaches laitières, le Brexit a été un « énorme choc. » D’autant que lors d’un vote test, avant le référendum, « 52 % des agriculteurs gallois avaient affirmé vouloir rester dans l’UE, tandis que 22 % souhaitaient partir », explique-t-elle.
Le Brexit tombe d’autant plus mal que Abi avait été présélectionnée pour recevoir une subvention européenne qui lui aurait ainsi permis de renouveler ses installations.
Le Pays de Galles reçoit actuellement 300 millions d’euros (M€) par an de subventions de Bruxelles, en plus des 600 M€, entre 2014 et 2020, dans le cadre du programme de développement rural. Face aux inquiétudes croissantes des agriculteurs, le gouvernement britannique a tenté de les rassurer en annonçant, le 14 août dernier, qu’il comptait leur verser les mêmes subventions que celles accordées par l’UE, au moins jusqu’en 2020.
Comme de nombreux éleveurs, Abi Reader demeure toutefois très inquiète de l’épidémie de tuberculose bovine qui touche actuellement le Pays de Galles. « Cela risque de faire peser une menace importante sur nos exportations de viande et de produits laitiers, une fois que nous aurons quitté l’UE », confirme le président du Syndicat des agriculteurs du Pays de Galles (FUW), Glyn Roberts. « Il y a un vrai risque que cette situation soit utilisée contre nous au cours des négociations commerciales à venir », prévient-il.
Bien que préoccupée, Abi Reader tente de rester positive. « Cela pourrait être l’occasion pour nous, les agriculteurs, de redéfinir notre propre politique agricole au Pays de Galles, en ouvrant des discussions. Ce qui n’est pas arrivé depuis plus de trente ans ! »