Les Pays-Bas prennent le taureau par les cornes pour sauver la filière porcine en voie d’extinction. « Ce plan de la dernière chance entend enrayer une spirale, avant la disparition définitive des exploitations familiales du pays », déclare Henk Boelrijk, secrétaire général de l’organisation professionnelle des exploitants porcins (POC).
Ambitieuse, la réforme annoncée en juin vise deux objectifs. À côté d’une panoplie de mesures destinées à revigorer un secteur moribond, un plan d’assainissement prévoit d’accompagner la disparition annoncée de 60 % des 5 000 élevages pour les quatre ans à venir. « Des changements structurels sont nécessaires, au risque de voir le secteur tomber aux mains de gros industriels, à la tête de chaînes de production allant de l’élevage à l’abattage », explique la POC, évoquant les États-Unis.
L’état des lieux est édifiant. Ces quinze dernières années, les Pays-Bas ont perdu la moitié des exploitations porcines. Une tendance qui perdure sous l’effet de la chute des prix de la viande, de l’embargo russe et d’une hausse des coûts de production. « Les supermarchés exigent toujours plus, tout en payant moins », ajoute la POC.
2,7 milliards de dettes
La filière est abonnée aux pertes depuis des années. Sans compter un endettement étouffant de 2,7 milliards d’euros. L’objectif du plan est de faire table rase de ce passé, grâce notamment à l’injection de 200 millions d’euros. Une des mesures phares concerne le traitement du lisier. Sept usines régionales de récupération vont être construites et mises collectivement à la disposition des exploitations. « Ces structures coopératives permettront de baisser les coûts », explique l’organisation.
Par ailleurs, le gouvernement s’est engagé à simplifier les procédures d’homologation et de contrôles a posteriori de l’assainissement du secteur. De même, un statu quo a été négocié avec les pouvoirs publics, qui s’abstiendront d’exiger de nouvelles mesures contraignantes en matière de développement durable ou de bien-être animal. « Si d’autres règles s’imposent aux Pays-Bas, où la production est déjà encadrée comme nulle part en Europe, la concurrence avec les Polonais sera impossible », constate Henk Boelrijk.
Quant à l’assainissement du secteur, il sera orchestré par des sociétés de développement créées pour la circonstance. Elles accompagneront les cessations d’activités en douceur : arrêt et vente des exploitations, rachat des droits à produire, reconversion des terrains, des exploitants, des salariés… Contre toute attente, pour nombre d’éleveurs néerlandais endettés et incapables d’investir, cette porte de sortie est une aubaine.