Sur les plateaux bourguignons aux sols séchants et au potentiel agronomique limité, des céréaliers voient dans l’agriculture biologique une porte de salut. C’est le cas de Christian Bacchieri, à Rougemont, en Côte-d’Or. Cette année, il a décidé de convertir un peu moins de la moitié de sa sole céréalière en bio, soit 143 ha sur 360 ha de SAU (blé, orge, colza et une quinzaine d’hectares de luzerne). Les incertitudes liées aux montants des aides à la transition et aux prix des céréales bio en deuxième année de conversion l’ont retenu d’engager la totalité de son exploitation. Celle-ci est confrontée à un contexte de rendements et de prix difficiles, et à la nécessité de baisser les charges. « Dans nos petites terres, les rendements en blé atteignent au mieux 7 t/ha, explique l’agriculteur. Et il n’est pas possible de diversifier l’assolement en introduisant des cultures telles que le soja. La culture du colza devient difficile à cause des insectes, notamment les grosses altises. Les impasses techniques de désherbage se multiplient. Les charges ne sont plus en relation avec les prix des céréales. Nos systèmes conventionnels sont au bout du rouleau. »

Pour préparer sa conversion, le céréalier a pris contact avec Bio Bourgogne (1), à l’occasion de l’un des tours de plaine organisés en partenariat avec la chambre d’agriculture. Une première visite à la ferme a permis de vérifier si le projet de conversion était réalisable, en fonction de la capacité de l’exploitation à faire évoluer son système de production. Les aspects réglementaires (cahier des charges, démarches), techniques (rotations, cultures possibles) et économiques ont été abordés.

Diagnostic technico-économique

Après ce premier rendez-vous, Christian Bacchieri a réalisé un diagnostic technico-économique (2). Sur les parcelles concernées par la transition, un assolement tenant compte des précédents, du niveau de salissement et des prévisions de marges, a été testé sur sept ans. Les pratiques à faire évoluer (désherbage mécanique, travail du sol…) ont été répertoriées, ainsi que les équipements à acquérir et les débouchés à trouver pour les nouvelles cultures. Pour la luzerne, un accord sera passé avec un éleveur voisin, sur la base d’un échange contre du fumier. Le reste sera contractualisé avec une coopérative de déshydratation locale. Afin de diversifier son assolement, le céréalier souhaite se faire la main sur les cultures qu’il connaît. « Je vise des cultures moins gourmandes en azote, telles que le pois et le tournesol, confie-t-il. Je veux faire du bio économe. »

(1) Association de promotion du bio, dont les adhérents sont les Gab, des coopératives bio (Cocebi, Les éleveurs bio de Bourgogne), des structures mixtes (Dijon Céréales), les chambres…

(2) Gratuit depuis 2016 grâce aux financements Feader.