Les poussières, Benoît Etwiller les évite à tout prix à la ferme de polyculture-élevage laitier qu’il conduit avec un associé à Poyans (Haute-Saône). « Je porte un masque de protection FFP3 pour affourager, pailler, presser le fourrage, pelleter des tourteaux... », explique l’exploitant de 47 ans. Il a systématisé cette précaution contraignante depuis qu’un examen de santé MSA a décelé chez lui une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Cette maladie se caractérise par une obstruction permanente des bronches, qui ralentit le passage de l’air dans les poumons. « En 2012, j’avais constaté que courir brusquement m’essoufflait. J’étais facilement oppressé au repos, mais je pouvais travailler. Sans l’examen de santé MSA, j’aurais mis des mois avant de consulter, reconnaît l’agriculteur, sous traitement, matin et soir, d’un bronchodilatateur par aérosol doseur. Les examens au CHRU ont révélé une perte de 25 % de mon souffle. C’est irréversible. La protection a pour objectif que la maladie ne s’aggrave pas. »
Risque accru en élevage
Si le tabagisme est à l’origine de 80 à 90 % des BPCO, des facteurs professionnels interviennent aussi. L’exposition en agriculture aux poussières et bactéries, à des gaz, par exemple (l’ammoniac en élevage hors-sol). L’étude BM3R (1), menée par la MSA, révèle que les agriculteurs ont deux fois plus de risque de développer une BPCO que les personnes non exposées professionnellement. Elle constate aussi que ce risque est différent selon les activités agricoles. Un céréalier n’est pas plus susceptible de développer la maladie qu’un non-agriculteur, alors que le risque encouru par des éleveurs de porcs, de volailles, travaillant en milieux confinés, est cinq fois plus élevé. Pour les éleveurs de bovins bretons, il est quasiment équivalent à celui de la population générale, alors que chez ceux de Franche-Comté, il est 2,5 fois plus élevé. « Un éleveur laitier franc-comtois est au même niveau de risque qu’en volailles ou en porcs. C’est, a priori, lié à la distribution de foin stocké en bâtiments l’hiver, vecteur de poussières, à la différence de l’ensilage », estime le docteur Jean-Jacques Laplante, directeur de la santé à la MSA Franche-Comté.
Le cas de Benoît Etwiller, dont les 50 laitières en lait standard reçoivent une ration où le maïs ensilage domine, montre toutefois que tout agriculteur peut être concerné par cette pathologie grave, non reconnue comme maladie professionnelle. « Les actions préventives portent sur la conception et l’aération des bâtiments, le séchage en grange du foin, le fait d’éviter les pailleuses, le port du masque lors de nettoyages », indique Jean-Jacques Laplante.
(1) Menée sur 5095 ressortissants MSA en Franche-Comté, Bretagne et Gironde. Voir www.asept.org/actions/prismal/actions-risques-respiratoires/etude-bm3r.html