Chez Jean-Pierre Dubois, producteur de foie gras d’oie à Paulin (Dordogne), les premiers oisons de l’année sont arrivés le 16 mai. « Je suis allé les chercher au couvoir de Prats-de-Carlux, le seul de Dordogne. La première livraison de 400 oisons était prévue en janvier, le jour de la parution de l’arrêté sur l’influenza aviaire. Elle n’a pas pu avoir lieu. » Sur cette exploitation familiale du Sud Dordogne, un millier d’oies sont élevées, gavées et transformées par an. C’est l’unique source de revenus de la ferme qui emploie une salariée à temps partiel.
Risque de pénurie
« Nos rillettes, pâtés et foies gras sont vendus à la ferme et sur les marchés alentour, témoigne Jean-Pierre Dubois. L’été est primordial pour nous, en particulier juillet et août. Les marchés nocturnes et festifs viennent s’ajouter aux marchés hebdomadaires. »
C’est Maryline, l’épouse de Jean-Pierre, qui s’occupe de la commercialisation : « nous avons essayé d’anticiper tant que nous avions des oies sur la ferme. Mais depuis des semaines, nous n’avons plus de frais. Ainsi, pour cet été, nous redoutons de manquer de conserves. »
Une filière en danger
De la mi-avril au 16 mai, il n’y a pas eu d’animaux sur la ferme. Le retour des oisons est une bouffée d’oxygène. « Il était urgent de redémarrer au plus vite. Nous sommes dans une production fermière traditionnelle. Il faut compter 16 à 18 semaines pour élever, gaver et transformer les oies. Avec ce lot de 400 oisons, nous aurons des produits à vendre à partir de la mi-septembre », explique l’éleveur périgourdin.
Jean-Pierre Dubois est inquiet pour l’avenir. Son employée sera au chômage technique en juin. Il a constitué son dossier d’indemnisation sans conviction. Dans quelques jours, il suivra la formation aux mesures de bio-sécurité. « En oie, nous sommes de petits producteurs. Si on nous impose des mesures trop contraignantes avec des investissements, certains arrêteront. Comment feront les jeunes qui ont des crédits ? » Il craint pour le maintien de la filière oie, en danger.