«Cette année, j’ai désherbé mécaniquement les pois et les pois chiches, et pour l’instant je n’ai pas eu de désherbage chimique à faire en complément. Tout ce qui nous permet de moins sortir le pulvérisateur est positif ! » affirme Romain Planès, qui cultive 265 ha à Soupex, dans l’Aude. Son objectif est de mieux maîtriser les adventices tout en réduisant les charges. Seul, il ne se serait pas lancé dans le désherbage mécanique. « Utiliser une herse étrille ou une houe rotative n’est pas facile. Au début, on se fait peur. En groupe, nous mutualisons nos expériences », souligne l’agriculteur, qui préside le GDA de Naurouze et le GIEE.
« En 2016, plus de 1 000 ha vont ainsi être désherbés mécaniquement », précise Loïc Doussat, le conseiller de la chambre d’agriculture de l’Aude qui accompagne ces céréaliers. Les essais menés l’an dernier ont montré qu’à la récolte, il n’y avait pas de perte de rendement. « Nous avons organisé une journée de démonstration (1), à la suite de laquelle une vingtaine de céréaliers se sont engagés dans l’achat groupé de 12 herses étrilles, 6 houes rotatives et 4 bineuses », note-t-il.
S’adapter ensemble
Cette dynamique s’est enclenchée en 2012 au sein d’un groupe de fermes Dephy. Puis elle s’est élargie en 2013 avec des actions de préservation de la qualité de l’eau dans le bassin-versant du Fresquel, et en 2015 avec la labellisation d’un GIEE. Loïc Doussat anime en même temps le groupe Dephy, le GIEE et le GDA. « Nous avons plusieurs axes de travail. Nous réfléchissons aussi bien à la réduction des traitements, à l’allongement de la rotation qu’aux choix variétaux et aux itinéraires à bas intrants pour le blé dur, en partenariat avec Arvalis », détaille-t-il.
« Avec nos rotations blé dur et tournesol, nous arrivons à une limite technique et économique », constate Robert Mélix, qui cultive 220 ha à Souilhe. L’évolution de la réglementation et le regard de la société poussent aussi à évoluer. « En collaboration avec le syndicat de rivière du Fresquel, nous avons mené une étude sur 3 000 ha, qui a sensibilisé les agriculteurs à l’impact de leurs pratiques sur la qualité des eaux », relève Loïc Doussat. Autant de bonnes raisons de chercher ensemble de nouvelles voies pour se projeter dans l’avenir.
(1) Prochaine journée de démonstration de désherbage mécanique : le 31 mai à Soupex.