«Dans nos terrains escarpés, il est bien difficile de garder des espaces ouverts et des zones de pâtures pour les bêtes sans l’emploi du feu », confie Jérôme Allier. Cet éleveur ovin installé à Coux (Ardèche) en est persuadé : « Quand les parcelles sont non mécanisables, le brûlage dirigé reste la seule solution. Sinon, c’est la porte ouverte à l’embroussaillement total avec perte d’enherbement. » Mais maîtriser cette pratique n’est pas à la portée de tous. Jérôme le sait mieux que quiconque. « Il y a quelques années, avec mon père, nous avons voulu rouvrir une parcelle de genêts par le feu. Même si le chantier se présentait bien au départ et que nous n’en étions pas à notre coup d’essai, nous nous sommes fait déborder par les flammes et avons dû appeler les secours. » Pour lui, pas question de réitérer cet incident. Aujourd’hui, pour réaliser ses chantiers d’écobuage, il fait appel à la cellule « feux dirigés » du SDIS 07, composée d’une équipe de trente sapeurs-pompiers diplômés dont six responsables de travaux.
Une pratique ancestrale encadrée
« Mise en place sur le département dans les années 1990, cette cellule a vocation à lutter contre les incendies de forêt en pratiquant des feux tactiques (également appelés contre-feux, NDLR). Mais elle vise aussi à réaliser des brûlages dirigés chez les agriculteurs qui en font la demande », explique le lieutenant Cédric Faure, responsable de cette cellule. Cette année, en partenariat avec la chambre d’agriculture de l’Ardèche, une vingtaine de chantiers ont ainsi été programmés chez des exploitants agricoles, « principalement chez des jeunes installés qui ne maîtrisent pas cette pratique ancestrale ou sur des chantiers difficiles », commente-t-il. La concrétisation de ces opérations de brûlage est toutefois conditionnée par la météo et/ou par les arrêtés préfectoraux sur la pollution de l’air à respecter.
Chez Jérôme, le 15 mars, durant trois heures, la quinzaine de pompiers et forestiers sapeurs présents ont parfaitement dirigé le feu pour débroussailler les trois hectares de parcours qu’il voulait remettre en état. « Il serait dommage de se passer d’une telle intervention gratuite et efficace. Elle permet de réaliser son chantier dans des bonnes conditions de sécurité en présence de professionnels formés et d’équipements adaptés », conclut l’éleveur.