Bonne nouvelle sur le front commun homme - animal, concernant l’antibiorésistance : les chiffres de l’Anses, présentés le 16 novembre, traduisent une situation « maîtrisée » (lire « A la Une » p. 16). Ainsi, la fièvre qui s’était emparée du sujet semble-t-elle retomber. Pas question pour autant de baisser la garde. Car si les résistances aux antibiotiques s’avèrent réversibles lorsque l’exposition à ces médicaments diminue, des situations particulières incitent à la prudence. Cela montre cependant que dans ce monde très mouvant des bactéries virulentes, rien n’est inéluctable, ni figé : certaines antibiorésistances disparaissent, d’autres apparaissent. Comme l’émotion créée par la découverte du transfert du gène de résistance à la colistine, un antibiotique servant à traiter les infections digestives.

Ceci dit, à l’échelle française, il faut reconnaître que le plan EcoAntibio, visant à diminuer la consommation d’antibiotiques de 25 % en cinq ans (d’ici fin 2017) s’avère probant. Même s’il faut nuancer ses résultats selon les espèces et les molécules. Ainsi, le taux de bactéries multirésistantes dépasse-t-il encore les 20 % chez les bovins. En particulier les veaux, pour lesquels une augmentation du nombre de prélèvements à l’abattoir contenant des E. Coli résistantes aux C3G (N.D.L.R : céphalosporines de troisième génération, très précieuses en médecine humaine) a augmenté. Cela pose la question de la pérennité de pratiques courantes telles que l’utilisation des laits impropres à la collecte pour nourrir les veaux.

Comme pour d’autres formes de traitement, y compris les produits phytos pour les maladies des plantes, un ciblage le plus fin possible des prescriptions est une voie à privilégier. Les traitements à trop large spectre ont en effet pour conséquence de mettre en contact des bactéries avec des antibiotiques inadaptés.

L’objectif est de préserver l’arsenal thérapeutique et les familles d’antibiotiques dont nous disposons. Car l’espoir d’en voir apparaître d’autres à court terme reste mince.