C’est la priorité des priorités pour les semaines à venir : réinjecter massivement de la trésorerie dans les exploitations françaises pour leur permettre de passer le cap 2016 et de relancer un cycle de production. Sans quoi, une hécatombe risque de se produire à l’automne et l’effet domino pourrait être terrible pour l’économie française. Le constat semble largement partagé, même si des nuances s’expriment encore sur la façon d’y parvenir. Ce fut un fil rouge du rendez-vous syndical de Lamotte-Beuvron (lire page 20). C’est aussi ce qu’a plaidé le premier négociant français (Soufflet), fin août, auprès du ministre de l’Agriculture, sur la même longueur d’onde que ce qu’avait demandé Coop de France au début du mois. En tout cas, des solutions négociées en tête à tête avec son banquier n’y suffiront pas, vu le montant des pertes à couvrir. Il va falloir que se mette en place un dispositif de cautionnement d’envergure à l’échelon supérieur de l’État pour garantir des prêts court terme et financer des reports d’annuités en fin de tableau. L’agriculture française n’est-elle pas elle aussi « too big to fall (*)», ce fameux slogan martelé lors du sauvetage des banques ? Les poches de Bruxelles pourraient aussi être sollicitées pour ceux qui, en plus, ont été inondés. Dans les campagnes, on commence à s’impatienter après l’effet d’annonce du plan d’urgence du 27 juillet, même si celui-ci évoquait ce genre de solutions. Depuis, on attend les détails opérationnels. Dans ces conditions, l’arrivée du solde des aides Pac… 2015, prévue en cette fin de semaine, ne sera pas du luxe (lire pages 22 et 76). De même que le paiement à la mi-octobre d’une large avance sur les aides 2016 (lire page 23). Mais cela ne suffira pas. Du reste, les coopératives ont bien compris qu’il y avait le feu et sortent les unes après les autres des mesures d’aides à la trésorerie, quitte à puiser dans leurs fonds propres. Ce n’est d’ailleurs plus un choix mais une obligation face à la situation...

(*) Trop importante pour couler.