De Singapour à New York, en passant par le Canada, le Japon, des fermes urbaines high-tech (principalement du maraîchage avec plantes cultivées sur étagères) fleurissent aux quatre coins de la planète. Autant le dire tout de suite, on est assez loin ici de la vision purement écolo-sociétale qu’ont certains de l’agriculture installée en ville, avec quelques bacs de légumes sur compost ou du marc de café nichés sur le toit des immeubles...

On peut du reste pronostiquer qu’en la matière, quelques procès en légitimité ne vont pas tarder à apparaître.... Tous ces projets ont, en effet, en commun de viser sans complexe l’hyperproductivité avec un véritable « business model » derrière, tout en recherchant, il est vrai, une certaine éco-responsabilité. Presque une incongruité en tout cas par rapport à ce que certains imaginaient au départ. Songez un peu : éclairage par Led, solutions nutritives hydroponiques, atmosphère stérile, pédiluve à l’entrée, recours à des robots pour optimiser l’espace disponible… Un vrai paradis artificiel pour plantes. Le cousinage est fort avec le hors-sol si souvent vilipendé dès lors qu’il s’opère à la campagne. On n’est pas à un paradoxe près dans ce dossier !

La France est, elle aussi, gagnée par cette fièvre très tendance mais qui risque aussi d’affoler les finances publiques. Ainsi, 4,6 millions d’euros pour une tour maraîchère à Romainville, en Seine-Saint-Denis, avec 1 000 m2 de surface de production pour 16 tonnes annuelles, il va falloir savourer chaque bouchée de fraises bio qui en sortira, même s’il y a d’autres visées (animation de quartier, réhabilitation, alimentation locale, pédagogie...). Et Paris n’est pas en reste puisque la capitale vise 100 ha de toits-terrasses, façades et murs végétalisés en 2020.

Même si cette orientation peut vous paraître étrange dans un contexte où les campagnes sont confrontées à la déprise agricole, le mouvement est indéniablement en marche, au point que, selon l’Inra, des coopératives envisagent même de gérer de telles fermes urbaines !