Pas de grand changement de direction cette semaine : les céréales françaises restent sous pression. En blé, c’est toujours l’ampleur de l’offre mondiale qui pèse avec une récolte australienne maintenant officiellement estimée à un niveau proche de 32 Mt (un record), une moisson brésilienne meilleure que prévu et une récolte canadienne révisée aussi en hausse. La qualité canadienne laisse à désirer mais celle de l’Australie n’est pas mauvaise du tout, si bien que ce pays va peser lourdement sur l’offre de blé meunier.
En parallèle, les prix se stabilisent en mer Noire après les augmentations récentes : les blés fourragers ukrainiens sont déjà bien engagés, mais il reste encore beaucoup de blé à vendre au départ de la Russie sur le créneau fourrager ou de basse et moyenne qualité meunière. L’ensemble de ces éléments pèse sur les prix et n’a pas permis au gros appel d’offres lancé par l’Arabie Saoudite (715 000 t), ni à la suppression complète des taxes d’importation en Inde de renverser franchement la tendance.
En France, le blé meunier à Rouen perd 1 €/t à 162 €/t et le blé fourrager abandonne presque 6 €/t (à 153,25 €/t).
Sur le marché de l’orge, c’est l’Australie qui fait l’actualité. Sa récolte est élevée et son potentiel d’exportation très fort. Les orges australiennes captent actuellement toute la demande chinoise si bien que, même si cette dernière est finalement un peu plus forte que prévu, cela ne profite pas du tout aux orges françaises. Les orges australiennes sont bien positionnées aussi vers le Moyen-Orient, l’Arabie notamment. Les perspectives d’exportation de la France se réduisent donc et cela pèse sur les prix. À Rouen, les orges fourragères ont abandonné cette semaine 2 €/t (à 135,25 €/t). Les orges brassicoles d’hiver ont suivi, perdant 1,5 €/t à 163,5 €/t Fob Creil alors que les orges de printemps ne cédaient rien, soutenues, elles, par un bilan très tendu.
Du côté du maïs, petit sursaut sur le marché mondial faisant suite aux inquiétudes de sécheresse en Amérique du Sud et à la prise de bénéfice de fonds financiers. La hausse du prix du pétrole dans un premier temps et les perspectives de progression de la consommation de maïs par l’industrie de l’éthanol aux USA ont aussi contribué à ce sursaut. Toutefois, avec le revirement du pétrole de ces derniers jours et la nomination d’un membre proche des pétroliers à la tête de l’Agence de l’environnement aux USA, l’enthousiasme est vite retombé. Les prix français ont abandonné 2,5 €/t en Alsace (à 166 €/t) mais se sont légèrement appréciés sur la façade atlantique (+1,5 €/t à 160,25 €/t).
Soutien des graines oléagineuses françaises
En France, les oléagineux se sont encore renchéris cette semaine. Le baril de pétrole est resté un élément de soutien (+3 % depuis la semaine dernière à New York) dans un premier temps. Toutefois, plusieurs opérateurs doutent de l’efficacité de l’accord de Vienne, signé la semaine dernière par les pays de l’Opep, pour rééquilibrer durablement le marché. Ainsi, le pétrole s’orientait de nouveau à la baisse en cette fin de semaine.
Le prix du colza français progresse cette semaine. La hausse la plus marquée est observée en Moselle (+3,75 €/t), tandis que la cotation Rouen progresse de 2,75 €/t. Sur Euronext, le colza est en très légère hausse (+0,75 €/t). En plus de l’influence du pétrole, les graines européennes ont subi l’impact du prix du canola canadien, en progression (+2,6 US$/t). Le ministère de l’Agriculture du Canada vient en effet de publier sa dernière estimation de récolte à 18,4 Mt, et cette estimation est inférieure aux attentes des opérateurs (autour de 19 Mt). L’Australie, de son côté, a également publié une nouvelle estimation pour sa récolte de colza en cours, à 3,6 Mt, soit une nette hausse par rapport à l’an dernier. Cela devrait permettre d’augmenter les exportations australiennes à destination de l’UE sans toutefois faire chuter les prix UE qui reflètent une situation toujours très tendue.
Le prix du tournesol a nettement progressé, gagnant 15 €/t à Saint-Nazaire, à 390 €/t. La forte demande, liée à des marges de trituration attractives, soutient les cours, tout comme la hausse des prix des huiles à Rotterdam.
La graine de soja à Chicago n’a pas suivi l’embellie. Elle perd 3 $/t sur la semaine, à 377 $/t. Si la forte demande à l’exportation a soutenu les prix en début de semaine, les prises de profit des opérateurs et les bonnes nouvelles sur les cultures sud-américaines ont finalement eu raison de la hausse. Au Brésil, les conditions sont favorables et différents organismes locaux ont publié cette semaine des prévisions de récolte aux alentours de 101-102 Mt (contre 95 Mt l’an dernier). Les premiers volumes récoltés pourraient arriver dès janvier sur le marché mondial. En Argentine, les conditions restent trop sèches dans plusieurs régions et les semis de soja continuent d’être en retard par rapport à la normale. Des pluies sont néanmoins prévues dans les quinze prochains jours, ce qui pourrait nettement améliorer la situation.
Protéagineux et tourteaux : stabilité
Les prix des tourteaux de soja sont stables à Montoir. Ils ont augmenté de seulement 1 $/t sur le marché de Chicago. Source d’inquiétude pour la demande animale, de nouveaux cas de grippe aviaire ont été détectés cette semaine en France et le ministère de l’Agriculture a placé l’Hexagone en risque « élevé ». Cette épizootie fragilise davantage la filière des palmipèdes, qui ne peut donc pas reprendre ses exportations de foies gras, comme prévu.
Le prix des pois fourragers départ Marne reste inchangé, à 220 €/t.
À SUIVRE : compétitivité des céréales australiennes, performances russes à l’exportation, conditions de culture en Amérique du Sud, demande pour le soja US, rythme des exportations de canola canadien et australien, évolution de l’épizootie de grippe aviaire.