Depuis Molière, son malade imaginaire et les multiples saignées pratiquées par des médecins charlatans, les soins à base de sangsues ont été rangés au rayon des archaïsmes. Peut-être un peu trop vite. Utilisé depuis l’antiquité, Hirudo medicinalis renouvelle aujourd’hui ses promesses, arguments scientifiques à la clé. Les quelques millilitres de sang prélevés par l’annélide aquatique provoquent un effet de saignée, qui favorise l’afflux sanguin local et la création par l’organisme de nouveaux vaisseaux capillaires. Anticoagulant, anti-inflammatoire, vasodilatateur, anesthésique, thrombolytique : la morsure de la sangsue libère également un cocktail de molécules dont les effets peuvent être très bénéfiques.
En médecine humaine, l’hirudothérapie traite les cas d’arthrose. On y fait aussi appel en chirurgie réparatrice.
Et pourquoi pas en médecine vétérinaire ? « Une étude allemande a prouvé son efficacité, supérieure aux traitements chimiques classiques, dans le traitement des tendinites », confirme Emmanuel Lecoutey, chercheur en biologie et vétérinaire. Avec son associé, il a créé une société spécialisée dans l’élevage et les soins à base de sangsues, à destination surtout des chevaux de course. « Le coût des prestations est encore élevé pour des interventions à la ferme, admet-il. Mais les applications sont prometteuses, par exemple en remplacement des antibiotiques dans le traitement des mammites, notamment en élevage bio. »