«En 2016, c’est la dixième année que nous envoyons des vaches et des génisses en Savoie, durant les quatre mois d’été où les alpages sont exploités », expliquent Christian et Cécile Pignol, installés en Gaec à Chanaleilles, en Haute-Loire. Leur troupeau compte 70 vaches abondance produisant 310 000 l de lait, et 70 génisses.

La SAU s’élève à 70 ha autour du corps de ferme, et 20 ha à 40 km de là. « C’est le manque de surfaces disponibles qui nous a orientés vers cette transhumance. » Dominique Rippe, technicien à l’Organisme de sélection des races alpines réunies, a mis les éleveurs en contact, puis l’affaire a suivi son cours.

« Nous envoyons régulièrement 15 vaches et 30 génisses sur l’alpage de Daniel Arpin, éleveur à Sainte-Foy-Tarentaise, en Savoie. Nous manquons de surfaces, et lui a de la place pour produire du lait d’été dont a besoin sa coopérative. Grâce à ce système, nous gagnons plus de 20 ha de surfaces à faner et sommes autonomes dans notre production de fourrages. Nous allégeons aussi le travail sur l’exploitation pendant quatre mois. C’est appréciable. »

Les animaux partent aux alentours du 10 juin et reviennent fin septembre. Huit heures de camion et deux heures de marche sont nécessaires pour gagner l’alpage de la Motte dont les pentes s’échelonnent de 1 800 à 2 400 m d’altitude. À l’aller, Christian accompagne ses vaches jusqu’à l’alpage. « Celles qui sont déjà venues reconnaissent le site et rentrent sans hésitation dans la cabane à traire », commente-t-il. Le passage d’une traite par l’arrière avec décrochage en salle à une cabane à traire sans décrochage et avec alimentation, s’effectue sans problème.

Lait d’été à 908 €/1 000 l

Le prix de l’estive se calcule de la même façon depuis dix ans : les huit premiers litres de lait quotidiens sont gardés par l’alpagiste pour payer l’estive, les suivants reviennent aux propriétaires des vaches. « Avec une production moyenne de 16 l/j et par animal, nous percevons ainsi la rémunération de 8 l de lait, dont le prix s’est élevé en 2015 à 908 €/1 000 l. Cette excellente valorisation du lait transformé en AOP Beaufort permet de couvrir nos frais de transport et l’estive des 30 génisses », expliquent Christian et Cécile.