«J’ai trait des vaches pendant trente ans et j’ai aimé cela, lance Christophe Charbonnier. Je me suis installé en 1989 à Montredon-Labessonnié (Tarn) avec mon père sur un système très intensif. Lorsqu’il est parti, j’étais tout le temps à fond. Je ne voyais pratiquement plus mon fils. Alors je suis passé du maïs à l’herbe, de l’ensilage au paddock. » En 2001, un soir, les services vétérinaires lui annoncent que son troupeau est atteint par l’ESB. « J’avais l’impression d’être coupable, même si la solidarité du voisinage et de la Cuma fonctionnait. Un mois après, les premières simmentals sont arrivées. Et j’ai arrêté de vouloir à tout prix réaliser mon quota de 120 000 litres. »

En 2007, Christian Rolland, avec qui il récoltait déjà ses foins, lui propose de s’associer en Gaec mais sans le lait. Éleveur de limousines, il a aussi repris derrière son père en 1999, après une dizaine d’années passées dans les CRS en région parisienne. « Je voulais entretenir le patrimoine familial, retrouver un rythme conciliable avec une vie de famille. Le tout sans perdre en revenu. » Christophe accepte vite la proposition : « Nous sommes différents mais complémentaires. Ma façon de travailler a changé : Christian a des objectifs précis. » Dont celui de viser un revenu disponible de 60 000 euros à deux et de ne pas travailler plus de 1 900 heures annuelles.

Sur leurs 150 ha, ils cultivent 25 ha de céréales et des prairies de longue durée. Le tout destiné à 70 limousines élevées en système foin et 250 brebis.

Pas plus de 1 900 heures

Ils organisent leur travail pour ne pas dépasser les 1 900 heures : « Quand on lance un chantier de fauche, on le termine. Pour les semis, c’est pareil, quitte à simplifier le choix des variétés. Pas question d’atteler et de dételer tout le temps. Tant pis si on n’optimisme pas tout. Les vêlages sont étalés : le taureau est à l’année dans le troupeau. Nous ne sommes pas hyperpointus mais on vit », explique Christian.

Christophe, engagé à la Confédération paysanne et à la chambre d’agriculture, précise : « Pour nos engagements extérieurs, nous avons des règles. Quand il s’agit de la Cuma de matériel agricole, c’est pour le Gaec. Pour le syndicat, c’est du privé. Cela facilite nos engagements et nous oblige à ne pas nous disperser. » Grâce à leur organisation, Christophe part marcher en montagne trois semaines, tandis que Christian étale ses congés.

Ils se sont associés cinq ans avec un jeune avant de se séparer. Aujourd’hui, ils veulent se poser : « J’ai 54 ans. Plus tard, j’espère transmettre à des jeunes », conclut Christophe. Christian, 45 ans, ne cherchera pas d’associé : « Je ferai autre chose. Même si je tiens à mon patrimoine. L’adrénaline de mon premier métier me manque. Mais, pour l’instant ici, je me régale », conclut-il.