Les rats et les souris affectent la qualité sanitaire des denrées stockées. Via leurs excréments, ils véhiculent des maladies comme la salmonellose et la leptospirose. En l’absence d’intervention, ils peuvent se multiplier rapidement, à raison d’une cinquantaine d’individus par ascendant.

1Rongeurs : miser sur la propreté

La première prévention passe par la propreté des locaux et des abords. Les stockages de planches, ferrailles, sacs plastiques et papiers, bidons, etc. sont autant de lieux où les rongeurs trouvent refuge et installent leurs nids. L’accès à la nourriture, raison première de leur présence, doit être stoppé, ce qui est plus difficile dans les installations de stockage à plat que dans les cellules verticales. Enfin, la présence d’eau à proximité du silo accroît l’attractivité du lieu.

Seule une surveillance approfondie et quasi quotidienne, tout particulièrement à l’automne et en début d’hiver, permet de s’assurer de la présence ou pas des rongeurs, car avec une population de quelques individus, les traces laissées sont parfois difficiles à détecter. Dans un premier temps, de simples pièges mécaniques peuvent suffire, à condition de les disposer dans les lieux stratégiques de passage.

En règle générale, l’emploi de rodenticides devient vite indispensable. Les appâts présents sous diverses formes (grains empoisonnés, blocs, sachets humides) sont placés dans des boîtes spécifiques, posées à l’écart des grains entreposés. Les appâts sont renouvelés au fur et à mesure de leur consommation afin que les rongeurs en aient toujours à disposition. Pour contrer l’accoutumance, la forme peut différer.

Si l’accès à certaines matières actives comme la bromadiolone (Super Caïd, Sup Operats, etc.) ou le difenacoum (Occi rats et souris, Rubis bloc, etc.) est encore possible pour les agriculteurs, d’autres produits comme le flocoumafen ou le brodifacoum sont réservés aux professionnels de la dératisation. Ces derniers deviennent d’ailleurs incontournables quand les populations sont en progression constante.

2Insectes : refroidir par paliers

« Quel que soit le contexte de l’année, la seule parade pertinente pour lutter contre les insectes du stockage à la ferme est la ventilation de refroidissement, assure Nicolas Bareil, ingénieur Arvalis à Boigneville. La difficulté de l’année tient à la forte proportion de petits grains et parfois d’impuretés, ce qui nuit au passage régulier de l’air. C’est pourquoi il ne serait pas aberrant d’en retirer un maximum avant de ventiler via un passage au séparateur quand c’est possible. »

Après un premier refroidissement sitôt la moisson terminée, l’automne est propice au second palier de ventilation. Chaque espèce possède son propre seuil de développement. Par exemple, il est de 18 °C pour le capucin et le tribolium roux, 16 °C pour le sylvain, mais seulement de 12 °C pour le charançon des grains.

« Lors du second palier de ventilation, c’est cet objectif qu’il faut viser, ce qui ne devrait pas être difficile à atteindre cet automne, poursuit Nicolas Bareil. Dans un premier temps, l’agriculteur relève la température au sommet de chaque cellule à l’aide de sondes, puis il démarre le ventilateur quand la température extérieure se situe entre 7 et 10 °C en dessous. Cela peut s’avérer fastidieux avec plusieurs cellules, raison pour laquelle nous conseillons d’automatiser l’opération avec la pose de thermostats qui gèrent la marche et l’arrêt du dispositif. »

Contrairement aux idées reçues, la ventilation peut se faire par temps humide tant que les précautions énumérées plus haut sont respectées. Avec un ventilateur correctement dimensionné, le risque de condensation demeure très faible.

« Cette étape réalisée, les populations d’insectes sont contenues, affirme Nicolas Bareil. Mais le véritable effet insecticide n’est obtenu que lorsque la température du grain demeure à 5 °C pendant trois mois. C’est pourquoi nous recommandons ce troisième palier pour les stockages de longue durée, en prenant soin de descendre assez rapidement de façon à limiter le phénomène d’accoutumance des insectes. C’est particulièrement vrai pour les charançons adultes et les petits sylvains plats, il est donc important de bien identifier les espèces présentes. »