Dans une lettre ouverte diffusée lundi 30 novembre, la FRSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) des Pays de la Loire dénoncent le « décalage » entre les annonces faites par le Premier ministre, le 3 septembre dernier, et « la réalité vécue sur le terrain ». « Où est « l’année blanche » tant promise par le gouvernement pour « tous les éleveurs qui en feront la demande » ? ! Où est l’exonération de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB) pour les exploitants non-propriétaires (la majorité des agriculteurs en Pays de la Loire) ? ! Où est la mesure permettant de baisser ses charges sociales en adoptant une assiette annuelle et non triennale ? »

Porc : passera-t-on sous 1 €/kg ?

Du côté des prix, FRSEA et JA affichent la même déception. « La main sur le cœur, les distributeurs, les transformateurs, les pouvoirs publics ont promis en juin des cours plus élevés. Les agriculteurs les ont crus, car en agriculture une parole donnée est une parole tenue. Quelle erreur ! Quelle naïveté ! »

« En porcs, après quelques semaines de redressement au début de l’été, les cours dégringolent depuis le mois de juillet. Aujourd’hui, l’éleveur est payé à moins de 1,10 €/kg et rien ne semble vouloir arrêter la baisse ; certains prévisionnistes parlent d’un porc à moins de 1 € par kg… alors que les éleveurs ont des coûts de production de 1,35 € en moyenne ! »

« En viande bovine, le prix des vaches est très inférieur aujourd’hui à ce qu’il était en juin au moment des promesses de hausse ! »

« En lait, les prix baissent depuis quasiment un an et demi avec des indicateurs pour les mois à venir toujours en négatif. La contractualisation, en laquelle les responsables syndicaux ont cru, ne donne pas les résultats espérés et est clairement remise en cause par certaines très grosses entreprises privées. »

En volailles de chair, les entreprises refusent de revaloriser le prix payé aux aviculteurs alors que la rotation du nombre d’animaux est toujours plus rapide, entraînant des risques sanitaires plus élevés et des charges opérationnelles croissantes, supportées uniquement par les éleveurs. »

En œufs de consommation, les acteurs de la grande distribution refusent de revaloriser le prix des œufs alors que les marchés sont porteurs ; pourtant, les charges de production augmentent constamment, liées à la mise aux normes des cages pour les poules. »

« Une agriculture sans éleveurs ? »

« Jusqu’où faudra-t-il que les prix agricoles baissent pour espérer une réaction ? À partir de combien de producteurs laissés sur le bord de la route aura-t-on un sursaut ? Quel projet pour l’agriculture régionale ont les entreprises, les élus politiques ? ! Une agriculture sans éleveurs ? … Nous n’acceptons pas cette perspective. »

Selon la FRSEA et les JA, « les solutions sont pourtant connues et de bon sens :

• Il faut d’abord reconquérir tous les marchés intérieurs que nous avons perdus, dans la restauration hors domicile ou les Grandes surfaces ; l’étiquetage des produits – qui a progressé pour les produits frais – doit être systématiquement généralisé ; il doit être mis en place de façon volontariste pour les produits transformés ;

L’exportation, avec des stratégies collectives de filière, doit être renforcée ;

• Il faut baisser les coûts de production des exploitations et des outils de transformation pour revenir à égalité de charges avec nos concurrents européens ;

• Il faut intensifier la politique de modernisation des exploitations et des outils de transformation pour gagner en compétitivité et en conditions de travail ;

• Il faut aller vers plus de contractualisation dans toutes les productions, du producteur au distributeur ;

• Il faut intensifier l’innovation, dans les exploitations agricoles et surtout dans les industries agroalimentaires ;

• Il faut diminuer les normes franco-françaises en tout genre qui plombent la compétitivité et démoralisent les acteurs économiques de toutes les filières. »