Après quatre mois de travaux, l’eau revenant de 100 mètres sous « le plancher des cochons » restitue enfin les calories attendues. Isabelle et Pascal Richard, naisseurs-engraisseurs avec 133 truies productives et 45 ha de SAU à Trégomeur, un village situé à 15 km au nord-ouest de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), chauffent leur élevage de porcs grâce à la géothermie depuis le mois de février 2014.
Quatre puits dans
une parcelle adjacente
« Les factures du chauffage au gaz devenaient très importantes, confie Isabelle. Nous avons alors cherché des alternatives. La facilité d’utilisation de la géothermie nous a convaincus, par rapport au chauffage au bois. » Les éleveurs se sont alors engagés dans une solution de géothermie verticale, dite par sondes thermiques. Quatre puits de 100 m de profondeur creusés à quelques mètres des bâtiments permettent l’échange de calories entre le sous-sol et l’eau glycolée circulant dans le circuit.
Ainsi réchauffée, elle rentre dans la pompe à chaleur et provoque la transformation du liquide frigorifique en gaz. Ce dernier permet une élévation de la température d’eau chaude de la chaudière qui a une capacité de réserve d’environ un mètre cube.
Aérothermes
et chauffage au sol
« Nous avons conservé les matériels et le réseau de chauffage existant », indique Pascal. Les salles sont donc toujours équipées d’aérothermes. Les maternités sont accompagnées en outre de planchers chauffants. Ponctuellement, « une lampe complémentaire peut s’avérer nécessaire, pour un court moment », précise Isabelle. Concernant l’entretien, les éleveurs sont satisfaits du peu d’interventions à effectuer. « Les pompes à chaleur ne demandent aucun entretien régulier », apprécient-ils. « Nous pouvons nous absenter sans expliquer le fonctionnement du système. Tout se fait automatiquement. »
Négociation des tarifs d’électricité
L’investissement total pour chauffer par géothermie s’est élevé à 64 000 €. « L’amortissement est prévu sur sept ans, nuance Pascal. Le plan de performance énergétique nous a permis d’obtenir une subvention de 40 % sur une assiette d’environ 40 000 €. » Côté consommation, la facture de gaz, avant que le système de chauffage ne soit changé, s’élevait à environ 13 000 € par an. « Aujourd’hui, la puissance de la pompe à chaleur installée est de 40 kW. D’octobre 2014 à octobre 2015, nous avons consommé 54 000 kWh. Cela représente une facture d’environ 4 000 €. Soit trois fois moins que celle de gaz, énergie à l’origine de l’ancien système de chauffage. » Et les factures d’électricité devraient diminuer à partir de l’an prochain. « Notre coopérative vient de négocier les tarifs pour la fourniture d’électricité », liés à la libéralisation du marché. Le nouveau fournisseur propose ainsi dès le 1er janvier 5,501 c€/kWh en heure pleine hiver et 4,055 c€/kWh en heure pleine été, avec un abonnement de 36,27 €/mois HT. Con-vaincus par la géothermie, les éleveurs ne se sont pas limités à leur bâtiment. Ils ont aussi décidé d’en équiper leur maison d’habitation. Deux puits de 80 m sont ainsi connectés à une pompe à chaleur de puissance16 kW.