La première chose à faire, selon Sylvain Pellerin de l'Inra, est de préserver les stocks existants : ne pas dégrader le taux de matière organique des sols cultivés, ne pas retourner les prairies, éviter l'urbanisation... Il existe plusieurs façons d'augmenter le stock de carbone dans le sol : booster les entrées et limiter les sorties. Le chercheur les a énumérées dans son rapport de 2013 sur la contribution de l'agriculture française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (lire infographie ci-dessous).

 

- Pour augmenter les entrées, plusieurs leviers peuvent être actionnés : restituer les résidus de culture, apporter des produits organiques, développer les cultures intermédiaires, les prairies, l'agroforesterie, les haies, les bandes enherbées...

 

- L'évolution du stock résulte de l'équilibre entre les apports de matières organiques végétales au sol et leur minéralisation, qui rend accessibles les éléments fertilisants aux cultures en place. Pour stocker le maximum de carbone sans pénaliser les cultures, Claire Chenu, enseignante-chercheuse d'AgroParisTech, propose d'« apporter régulièrement de la matière organique au sol via les résidus végétaux ou par des apports exogènes conformes à la réglementation. Les services rendus par la minéralisation sont ainsi assurés, les stocks de carbone conservés et les transferts de contaminants limités. »

LE NON-LABOUR FAIT DÉBAT

Pour limiter les sorties, réduire le travail du sol reste une pratique intéressante. Même si son potentiel de stockage n'est pas systématique et fait débat. Le climat aurait un rôle déterminant. « Dans les régions plus humides, il y a plus de minéralisation et il y aurait donc peu d'écart de stock entre le labour et le non-labour, explique Sylvain Pellerin. Dans les régions plus sèches du sud de la France, par exemple, le non-labour engendrerait plus de stockage, les résidus en surface étant moins décomposés. »

Un essai d'Arvalis à Boigneville, dans l'Essonne, montre qu'après avoir permis un stockage de l'ordre de 2 t/ha de carbone pendant vingt-quatre ans, le semis direct ne se différencie pas du labour au bout de quarante ans. Néanmoins, le non-labour émet forcément moins de GES en consommant moins de fioul.

 

- En s'appuyant sur de nombreux essais, l'Inra a conclu que la couverture végétale permet un stockage compris entre 0,1 et 0,35 t de carbone par an. Ce chiffre peut paraître dérisoire face au stock moyen de 50 t de C/ha dans les sols cultivés. Pourtant, il peut devenir beaucoup plus significatif si on le multiplie par la surface agricole utile en France, qui représente 28,2 Mha. « C'est "l'assiette" sur laquelle la pratique est applicable qui fait la différence », explique Sylvain Pellerin. L'agroforesterie est, par exemple, la technique la plus efficace en termes de stockage de carbone. Pour autant, elle est beaucoup moins pratiquée que les couverts végétaux.