«Pas rassurant de m'entendre dire par mon pneumologue, qu'à défaut de changer de métier, j'étais condamné à mourir ! », explique Patrick Bagilet, installé à La Monselie, dans le Cantal. Durant l'hiver 2005, le jeune éleveur, alors âgé de 35 ans, déclare avec une gravité soudaine la maladie du poumon du fermier. « J'ai perdu 18 kg en quelques mois, je toussais toutes les dix secondes et ne parvenais plus à respirer. C'était très angoissant, précise Patrick. Avec trois enfants en bas âge à la maison, un crédit pour la maison et des emprunts sur l'exploitation, la situation n'était pas simple. »
PLEIN AIR ET ENRUBANNAGE
Son troupeau de 86 vaches salers était alors hiverné à l'attache dans cinq étables traditionnelles. « Mon père m'a remplacé l'hiver où je suis tombé malade. J'ai ensuite réfléchi à la façon de modifier mon système car il m'était impossible de faire autre chose. Je n'avais que des diplômes agricoles et l'unique envie d'exercer mon métier d'éleveur. »
La manipulation du foin lui étant strictement interdite, Patrick opte pour une conduite en plein air intégral, possible à 760 m d'altitude. Le foin est remplacé par de l'enrubannage. Le troupeau est divisé en 5 lots répartis l'hiver sur les sols les plus porteurs des 98 hectares de SAU tout en herbe. « J'ai installé les râteliers sur les sucs rocheux et acheté des bacs à eau qui ne gèlent pas. L'été, je porte un masque pour les fenaisons et, chaque soir, j'aspire la poussière dans le tracteur. J'ai eu un peu de casse dans le troupeau les deux premières années, c'est un changement difficile dans ce sens. En plein air, les animaux sont moins dociles qu'à l'attache et les coûts de production plus élevés mais je suis encore éleveur ! Mon système moins autonome est moins rentable mais je me lève plus tard le matin et suis rentré plus tôt le soir. C'est positif pour la vie de famille et je me passionne pour l'informatique, poursuit Patrick. Bien sûr, mon regard sur la vie a changé. Je suis moins inquiet pour les petits problèmes. » Avec 40 % d'incapacité permanente, l'éleveur perçoit 190 euros mensuels de la MSA. Lorsque sa maladie a été diagnostiquée, son organisme d'assurance complémentaire a baissé son taux d'invalidité de 40 % à 35 %, un seuil lui permettant de ne rien verser à son adhérent !