«Nous vendons 60 des 100 génisses que nous produisons chaque année, quand SVA Jean Rozé nous propose la prime de désaisonnalité, calculent Didier Boutruche et Ludovic, son fils. C'est entre octobre et mi-avril. Et même à cette période, nous valorisons au maximum l'herbe et évitons de complémenter la ration pour ne pas écraser notre marge. » A Commer, en Mayenne, l'exploitation couvre 145 ha, dont 50 ha de prairies temporaires composées de ray-grass hybride et de trèfle violet, qui entrent dans les rotations. Elle accueille entre 150 et 200 génisses charolaises en permanence

PAR LOT DE 50

Didier et Ludovic travaillent avec Elroc 53, l'association d'éleveurs du département. Ils achètent les génisses par lot de 50. Elles ont alors entre 8 et 13 mois. Elles sont vendues au minimum un an plus tard. « Notre client veut une viande jeune mais colorée, détaille Didier. D'où la place importante de l'herbe dans leur régime. Nous lui fournissons des charolaises âgées de 27 mois, en moyenne. Le poids moyen de carcasse atteint 365 kg et le classement R+. »

Les génisses sont au pré de mars à novembre. Didier et Ludovic cherchent à avoir tout le temps une herbe de qualité et à complémenter le moins possible. Dès que la pousse ne suffit plus, ils distribuent de l'ensilage d'herbe dans des auges. Le cahier des charges du BNR, le « boeuf de nos régions », autorise pour la finition l'hiver en bâtiment, un aliment composé à part égale de luzerne déshydratée, de pulpe de betterave et de tourteau de lin. « Son coût est de 300 €/t, estime Ludovic. C'est trop. A 200 €/t, cela passerait. Je pourrais fabriquer le mélange moi-même en achetant un camion de chaque matière première mais nous n'élevons pas assez de génisses pour cela. »

ASSURER LA MARGE

Le problème reste l'achat du maigre, qui demande beaucoup de trésorerie. « L'an dernier, nous avons payé les broutardes 750 € la pièce, se souvient Didier. Cette année, ce sera 850 €. Il nous faudrait un prix de base d'environ 4,50 €/kg pour assurer notre marge. Nous vendons actuellement à 4,10 €/kg hors prime BNR et de désaisonnalité. Notre seule marge de manoeuvre est de jouer sur les poids à l'entrée et l'âge à la vente. » L'idéal, pour Ludovic, serait d'étaler les ventes tout au long de l'année. « Une année comme 2014 n'est pas très incitative, regrette-t-il. Notre marge sera négative. Vu les cours du maïs grain, j'aurai davantage intérêt à l'ensiler pour engraisser des taurillons. Ou alors que SVA Jean Rozé me propose un contrat pour une partie des génisses, avec une garantie de marge comme il le fait pour les jeunes bovins, en intégrant le coût du maigre et celui de la ration. »