«L'Asap me donne une image de la situation du troupeau, commente Damien Boulanger. Les vaches à tarir, à vêler, les réformes... Je suis installé depuis cinq ans avec mes parents, Annick et Pascal. Nous utilisons ce système de prévision de la production presque depuis le début. » Et plus précisément depuis quatre ans, quand Sodiaal Union a repris Entremont, le collecteur du Gaec. Située à Plouasne, dans les Côtes-d'Armor, l'exploitation compte aujourd'hui 80 prim'holsteins pour une référence de 600 000 l. C'est 110 000 l de plus qu'à l'installation de Damien. Les trois associés cultivent 110 ha.

C'est Damien qui calcule la quantité de lait que le Gaec livrera dans trois mois. Comment fait-il ? Il prend son calendrier et y reporte les numéros de travail des vaches et génisses à entrer ou sortir de production. A partir de l'effectif en début de mois, il calcule le nombre d'animaux en production au jour le jour. « Je considère qu'elles produisent 27 kg de lait chacune par jour, poursuit-il. Il ne reste qu'à faire la multiplication. Cette méthode est plus précise que de faire la moyenne de l'effectif en début et fin de mois. »

Damien saisit ensuite sur internet ses prévisions que la laiterie peut utiliser pour planifier son activité (lire l'encadré). Pour ses prévisions, il s'appuie sur Edipa, son logiciel de suivi du troupeau. Et pour ne laisser aucune place au hasard, toutes les vaches et génisses inséminées sont échographiées.

GÉRER LA PRODUCTION

« Je peux faire les prévisions pour trois mois comme pour un, poursuit Damien. Cela dépend. » Puis, pour bénéficier de la prime la plus intéressante, il surveille le lait dans le tank pour coller au plus près à la prévision. « 2, 3 ou 5 centimes de plus par 1 000 l, ce n'est pas négligeable, calcule-t-il. Je vends une vache en lait quand je suis en avance sur la prévision. Ou je réforme des vaches. Je peux faire un lot de 10, voyant que je vais la dépasser. »

Ce suivi régulier ne met toutefois pas à l'abri des incidents de parcours. Récemment, le Gaec a investi dans une centaine de logettes, avec des tapis pour remplacer l'aire paillée qui était saturée. L'adaptation des vaches demande du temps. « Nous avons eu des problèmes de pattes, décrit Damien. Je sais que nous nous sommes éloignés de la prévision pendant deux mois. Aujourd'hui, les choses rentrent dans l'ordre. Il pourrait se produire la même chose si nous avions une flambée de mammites en plein hiver. »

En 2013, Annick, Damien et Pascal ont décroché la prime maximale de 5 €/1 000 l pendant trois mois. Ils ont obtenu 3 €/1 000 l durant cinq mois, 2 €/1 000 l pour trois autres mois, et 0 €/1 000 l pendant un mois. « Je n'ai pas eu le temps de faire ma prévision, se souvient Damien. Nous avions des travaux dans la maison. » En moyenne sur l'année, le Gaec obtient 2,50 €/1 000 l supplémentaires sur la paie de lait.

L'année 2015 s'approche et avec elle la fin des quotas. Comment Damien, Annick et Pascal voient-ils l'avenir ? Ils ont demandé des volumes de développement à Sodiaal Union : 100 000 l pour la prochaine campagne et 50 000 l pour la suivante. Ils sauront en janvier prochain si ces volumes leur sont accordés.

PRÉPARER L'APRÈS-QUOTA

« Si nous avons le feu vert, je planifierai l'entrée de 35 génisses dans le troupeau au lieu de 25, calcule Damien. Nous pouvons le faire car nous avons utilisé de la semence sexée sur une partie du troupeau. Après deux ans avec une forte proportion de mâles et des difficultés à maintenir le renouvellement, nous avons pris cette assurance. J'ai davantage de génisses. Elles entreront en production sur la deuxième partie de la campagne. Je vendrai celles dont nous n'avons pas besoin. »

Damien s'appuiera sur l'Asap pour gérer cette étape. Il aimerait saisir ses prévisions à deux mois plutôt que trois. « Je sais que nous allons livrer moins de lait à cause des problèmes de pattes mais je ne peux pas l'indiquer », regrette-t-il. Il pourrait le renseigner 12 mois à l'avance, en s'appuyant sur les prévisions du contrôle laitier. Et ainsi être couvert en cas d'oubli. « Je préfère avancer petit à petit, insiste-t-il. A une telle échéance, je n'ai pas les confirmations de gestation par échographie. »