« Il y a dix ans, nous avons introduit cinq cultures dans la rotation, développé un atelier de production de légumineuses conditionnées pour la consommation humaine et rejoint un groupe de production d'huiles végétales vierges », explique Pascale Croc, agricultrice à Thézac, en Charente-Maritime, avec son mari, Gary Charré. L'EARL Le Petit Bois, créée en 1993, a commencé avec des rotations blé et tournesol. Outre 105 hectares de grandes cultures, l'exploitation a conservé 25 hectares de vignes en appellation Cognac.
ASSOLEMENT ÉQUILIBRÉ
« L'enrichissement de notre assolement a commencé par l'introduction de cultures commercialisables en vrac via la coopérative, comme le blé dur, l'orge, le pois jaune ou le colza, indique Pascale. Par la suite, c'est la perspective de circuits courts qui a permis d'introduire le chanvre, la lentille, les pois chiche et verts. » L'agricultrice utilise le cercle d'échanges Cemes-Cesam pour mutualiser ses coûts de production, en déléguant la mise en culture et la récolte pour 23 000 €/an, « un bon compromis, avec le choix de ne pas réinvestir dans l'équipement ». Par ailleurs, le cercle lui permet d'écouler sa marchandise.
Pascale est aussi adhérente à un groupement d'intérêt économique (GIE) pour la production d'huiles vierges valorisant ses oléagineux. « Cette approche systémique globale et collective nous permet de lutter contre la volatilité des cours en grandes cultures, ainsi que contre la volatilité des rendements selon les années : plusieurs paniers et plusieurs oeufs dans chaque panier ! », insiste l'exploitante.
MARGES AMÉLIORÉES
Pascale Croc a quasiment abandonné le colza, « car la culture est trop gourmande en insecticides », excepté pour la production d'huiles vierges où il est cultivé sans intrants. « Pour cette production, nous sommes sept associés en GIE autour d'un atelier collectif, la Ferme de l'Orée, chacun mettant ensuite l'huile en bouteille, explique-t-elle. On ne se concurrence pas sur les circuits de commercialisation et on respecte le même cahier des charges : aucune intervention phytosanitaire sur les cultures. » Les huiles et légumes secs sont vendus à la restauration collective, par le cercle d'échanges, mais trouvent aussi des débouchés en boutiques collectives d'agriculteurs, en vente directe sur les marchés ou à la ferme. Pour financer le moulin, chaque associé a une prise de participation dans le GIE.
Pascale Croc vend son tournesol 400 euros la tonne au GIE, contre 364 E/t en moyenne à la coopérative depuis 2007. Le prix de vente potentiel des graines à la coopérative est majoré par le GIE car cela demande plus de travail de conduire une culture sans intrants. « Chaque année, on raisonne les surfaces mises en culture en fonction des débouchés, ensuite chacun s'engage à racheter un certain nombre de bouteilles d'huile », explique-t-elle. Au global, avec les grandes cultures et le cognac, la marge brute de l'exploitation est passée de 98 000 €/an en 2006, à 250 000 €/an en 2011.