Sur la petite route qui descend vers la mer, les vélos longent une cabane ostréicole et quelques bassins dans lesquels patientent des paniers d'huîtres. Autour, Sophie et Jacky Sury ont installé des parasols et quelques tables. Les cyclistes s'arrêtent et dégustent huîtres et coquillages tout juste sortis de l'océan.

Comme la plupart des ostréiculteurs, Jacky exerce le même métier que son père, après un détour hors du milieu. Pendant des années, Jacky partait chaque jeudi pour la Bourgogne et ses marchés. « Les huîtres, emballées le mercredi, étaient chargées le jeudi matin et il prenait la route jusqu'au dimanche », raconte Sophie. Mais ces trois jours de déplacements ne facilitaient pas la vie de famille.

ABSENCE DE PERSPECTIVES

D'un commun accord, Sophie a laissé sa boutique à Saint-Martin-de-Ré et Jacky les marchés lointains. Ils se sont recentrés sur les parcs dans le Pertuis, entre Vendée et île de Ré, et le banc qu'ils occupent au marché de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime). « Je me suis retrouvée à la table de tri à détroquer les huîtres (séparer les huîtres les unes des autres et les détacher de leur support), se souvient Sophie. Une boutique, c'est rester entre quatre murs. Ici, je suis dedans, dehors, avec les clients. Le travail est diversifié et je fais face à la mer… » Depuis trois ans, toute la profession affronte une mystérieuse maladie qui décime les jeunes huîtres. Les volumes produits diminuent de 30 à 70 %, sans solution.

« Aujourd'hui, nous produisons 10 t/an, alors que nous étions à 20 t/an avant la maladie », indique Sophie Sury. L'absence de perspectives est telle que la plupart des entreprises ont perdu toute valeur. C'est pour faire face que le couple propose ces dégustations de coquillages et crustacés. Les volumes sont moindres mais la valeur ajoutée plus importante.