Les races laitières de moindre effectif et les races allaitantes sont confrontées à des effectifs trop faibles pour calculer des index génomiques fiables sur la voie femelle. Mais elles espèrent bénéficier des connaissances acquises sur les trois principales races laitières grâce au programme Gembal (Génomique multirace en bovins allaitants et laitiers).
UNE POPULATION DE REFERENCE MULTIRACIALE
Outre la prim'holstein, la montbéliarde et la normande, sont concernées par ce projet l'abondance, la tarine, la brune, la simmental, la vosgienne, la flamande, la bretonne pie noir, la charolaise, la limousine, la blonde d'Aquitaine, la salers, la gasconne, l'aubrac, la parthenaise, la rouge des prés et la bazadaise. « L'objectif est de trouver des points communs en mutualisant les génotypages afin d'obtenir une population de référence multiraciale, explique Stéphane Barbier. Pour cela, 5 000 bovins de toutes les races sont génotypés avec des puces 800k, et des segments d'ADN identiques sont recherchés. Puis on vérifie si le caractère codé connu dans une race se retrouve chez les autres et comment il s'exprime. » En effet, certains gènes ne s'exprimeront pas de la même façon selon la race. Ils pourraient aboutir à une hausse de 30 kg de matière protéique en montbéliarde, être neutre en brune et entraîner une baisse de 30 kg en abondance.
« Ce programme a démarré en 2011, précise Sophie Mattalia, de l'Institut de l'élevage. Les premiers résultats sont attendus pour 2013 en races laitières et en 2014 en allaitantes. » Si la fiabilité est bonne, des index officiels pourront alors être calculés. Si elle s'avère insuffisante, les index ne pourront être officialisés mais ils permettront un pré-tri plus fin pour les schémas de sélection. Les entreprises de sélection ont déjà à disposition les premiers outils en races charolaise, limousine et blonde d'Aquitaine.
Des difficultés restent à surmonter, comme un contrôle de performances limité et une proportion importante d'animaux issus de monte naturelle en races allaitantes. De plus, les populations de référence sont faibles : elles comptent quelques centaines de taureaux, contre 21 000 en prim'holstein, 2 000 en montbéliard et 1 500 en normand. « La précision s'améliorera au fil du temps, avec l'accumulation des génotypages et les progrès sur la connaissance du génome », estime Stéphane Barbier. Mais si les données ne sont pas récupérables facilement, alors il faudra aller vers d'autres techniques, comme le séquençage du génome, pour progresser.