« Rouler pendant 400 m en marche arrière avec une bétaillière camion remorque, c'est la mésaventure qui est arrivée à l'un de mes collègues, se souvient Dominique Restif, chauffeur chez Ter'Elevage, une union de coopératives des Pays de la Loire. Le chemin d'accès à la ferme n'était pas assez large. L'anecdote reste exceptionnelle. Néanmoins la circulation des camions sur les exploitations ne se passent pas toujours sans soucis. » Ce n'est pas le cas à l'EARL du Verger, à Rannée, en Ille-et-Vilaine, où Dominique engraisse des taurillons et veaux de boucherie avec son épouse Martine. Sur leur exploitation, les camions accèdent rapidement au quai d'embarquement et chargent les taurillons en toute sécurité. A chaque fois, cela prend à peine plus d'un quart d'heure. « L'entrée depuis la voie publique offre un passage de 8 m », explique Dominique. A cet endroit, le fossé est busé sur 11 m, la distance nécessaire pour le passage de son 44 t de 18,7 m de long. Il n'y a pas de risque de coincer une roue dans le fossé. S'il était plus étroit, il faudrait effectuer des manoeuvres. Et l'opération n'est pas envisageable sur la voie publique. Le chemin d'accès à l'exploitation se rétrécit ensuite pour atteindre 6 m de large mais 4 m suffi sent avec les accotements.
PAS DE CROISEMENT
« A l'EARL du Verger, les camions et les tracteurs ne se croisent pas, signale Jean-Louis Loreau, animateur technique à Ter'Elevage. L'entrée privée est indépendante des activités d'élevage. Pour le curage et l'épandage du fumier par exemple, les tracteurs empruntent un circuit à l'opposé de l'entrée des camions de livraison. Cela évite tout risque de rencontre des véhicules. L'exploitation comporte de nombreux bâtiments : trois unités dédiées aux veaux de boucherie, la stabulation des 80 taurillons, un ancien bâtiment aménagé pour la contention, deux hangars de stockage, un atelier. C'est au centre de tout cela qu'est aménagée une zone de plus de 1 000 m2 (30 m x 35 m). Ainsi, les livreurs d'aliment ou de veaux manoeuvrent facilement. « A condition que cet espace ne soit pas encombré », nuance Dominique. Autrement dit, mieux vaut prendre l'habitude de garer le tracteur ailleurs et éviter d'aménager le centre avec un terre-plein. Seul point un peu délicat chez Martine et Dominique, l'accès à cette zone s'effectue par un passage un peu étroit de 6 m entre deux bâtiments. « Mais il est gérable car "ce goulot d'étranglement" s'évase rapidement », assure Jean-Louis. Les associés veillent aussi à entretenir l'espace propre. « Nous l'avons empierré, signale Dominique, et la pente facilite l'évacuation des eaux pluviales. » Le risque d'apparition d'ornières est ainsi limité.
DES REPÈRES POUR RECULER
« Le camion mesure 4,50 m de haut », prévient Dominique. Il faut donc veiller à ce que les branches des arbres soient élaguées et les lignes électriques à la bonne hauteur.
Autre point important, l'éclairage. L'embarquement se passe souvent pendant la nuit. « L'essentiel est de prévoir des lampes autour du quai, précise Dominique. Mais les spots trop puissants ne conviennent pas car ils éblouissent les animaux et peuvent perturber leur déplacement. Lorsque je recule mon camion vers le quai, les repères à la peinture fluorescente au bout d'un mur m'aident à la manoeuvre. »
EMBARQUEMENT SÉCURISÉ
En routine, dans les exploitations équipées d'un quai, le chargement demande une vingtaine de minutes environ pour quinze à vingt animaux. C'est le cas chez Dominique. Le quai d'embarquement est installé dans le prolongement du circuit de contention. « Les taurillons que je pèse tous les trois mois sont habitués à emprunter ce passage, précise-t-il. Ainsi, le jour du départ à l'abattoir, ils ne sont pas surpris. Je les ai marqués la veille pour que le tri soit rapide le lendemain matin. Je les oriente vers le couloir comme s'ils allaient à la pesée. Là, j'ai installé une déviation qui les dirige vers le camion. Mais quelle que soit l'exploitation, je dois avoir suffisamment de place pour disposer le pont en biais. » La ligne droite appeure les jeunes bovins. Avec ce « virage », ils ne distinguent pas les animaux déjà chargés ou la fin du parcours. Intrigués, ils avancent naturellement vers le quai du camion. Pour répondre à cette exigence, Dominique a coupé une haie. « La pente du quai n'est pas un problème, poursuit Dominique. Les bovins craignent beaucoup plus la descente. » Le quai surélevé à la hauteur du camion n'est donc pas indispensable.
Cette zone de transit est bétonnée pour travailler dans de bonnes conditions et les pentes évacuent les eaux de pluie. Les barrières dont la longueur est ajustable équipent aussi bien les cases que cette zone d'embarquement. Ainsi Dominique aménage de « vrais » couloirs en fonction des besoins. « Les bricolages avec un tracteur d'un côté ou un ballot de paille de l'autre ne sont pas recommandés », souligne-t-il. Ce sont des situations à risques.
L'installation de Dominique est, dans le domaine de la sécurité, une référence car les manipulations s'effectuent sans contact direct avec les animaux. « Je repousse les taurillons vers le camion grâce à une barrière pivotante, explique-t-il. Certains exploitants installent un système de barrière très efficace à l'avant de leur tracteur pour pousser les animaux. »