« Mon mari est tombé dans le métier quand il était petit. Lorsque je me suis installée en 2008, j'avais la capacité professionnelle : je suis titulaire d'un BTS en agroalimentaire et j'ai travaillé plusieurs années dans des industries. J'ai voulu me former au métier d'agricultrice avant de remplacer mon beau-père à la traite.

 

J'appréhendais son regard et je pensais qu'apprendre avec mon mari n'était pas la meilleure solution. J'ai préparé mon certificat de spécialisation lait en travaillant en alternance dans une ferme à 25 kilomètres.

Aujourd'hui, je trais avec mon mari. Nous avons avancé d'une heure la traite, le matin à 6 heures et le soir à 17h30, pour concilier mon travail avec le rythme des enfants. Mon mari s'occupe des cultures avec l'aide de mon beau-père. Je continue à me former, en particulier sur l'alimentation, pour donner du poids à mes propositions, même si mes suggestions de changement passent encore par mon mari afin de ne pas heurter mon beau-père.

Je fais partie d'un groupe d'échange mixte sur le lait et du groupe féminin auquel adhère ma belle-mère. Je travaille 5 heures sur l'exploitation. Après la naissance de ma troisième fille, je viens de reprendre la traite.

J'avais convaincu mon mari de prendre un salarié pendant mon congé de maternité mais il s'est avéré impossible de trouver quelqu'un pour deux heures le matin et le soir.

Mon beau-père lui a donné un coup de main. Je viens de reprendre ma place dans la salle de traite. Je marche sur des oeufs, je suis patiente mais aussi déterminée à avoir une vraie place. Celle que j'ai choisie.

Je crois que mon beau-père est content que son fils ait trouvé une femme qui soit revenue sur la ferme. Mais la place qu'il me destinait n'était pas forcément celle que je veux prendre. »