Revêtu de sa blouse blanche frappée du logo du « Cochon campagnard », Philippe Paté vient tout juste d'ouvrir son magasin à Ambrumesnil, en pays de Caux (Haute Normandie), comme toutes les fins de semaine, du jeudi au samedi. Les clients sont déjà là, cabas frappé aux couleurs du magasin à la main. « Nous avons 600 clients. Chaque semaine, près de 200 passent en l'hiver et 250 en été. Notre client vient pour acheter des produits naturels, mais aussi pour l'accueil. » La femme de Philippe, qui l'aide à mi-temps, s'amuse : « Les nouveaux demandent une tranche de pâté et un boudin noir, pour tester. »
Leurs deux fils sont associés dans le Gaec. L'un s'occupe des 245 ha de l'exploitation, l'autre de l'élevage (bovins lait et viande, porcs, volailles).
Tout a commencé en 2004 : l'agriculteur venait de construire 400 places pour élever des porcs sur paille, nourris avec des graines de lin. « Je fais partie du réseau Bleu-Blanc-Coeur.
J'ai contacté charcutiers et bouchers de la région pour valoriser cette qualité. Sans succès. J'ai commencé à vendre notre charcuterie, fabriquée avec l'aide de mon frère, charcutier de métier, qui approchait de la retraite. Nous proposions aussi du lait, de la crème et du beurre. Très vite, les clients ont réclamé du boeuf, de la volaille, des plats cuisinés. » Philippe a successivement recruté un charcutier, un boucher, deux vendeuses : « Je me suis initié à la fabrication, juste assez pour pouvoir manager mes employés.
Je m'occupe surtout de la gestion et de la vente. Nous développons aussi une activité traiteur. Et depuis peu, avec la chambre d'agriculture, nous avons monté l'association Local et facile, qui propose des paniers du terroir et fournit la restauration. »
La belle-fille de Philippe a ouvert dans la cour de la ferme, séparément, un magasin de primeurs. Depuis 2003, l'agriculteur investi 200 000 euros.
L'agriculteur, qui accueille en mai les congressistes de Bienvenue à la ferme, tire quelques conclusions de son expérience : « J'aurais dû aller plus vite dans les investissements, sans doute. Mais en bon Normand, j'ai préféré la prudence. »