Les circuits courts ont le vent en poupe. Plus qu'une mode passagère, il s'agit d'une tendance de fond qui devrait s'incruster durablement dans le paysage agricole. Il y a là, à l'évidence, une carte à jouer pour les producteurs... à condition de bien s'y prendre pour transformer en une vraie réalité le capital de sympathie qui leur est naturellement associé. C'est l'objet de ce dossier de 28 pages construit principalement autour de retours d'expérience, sans angélisme. Car il s'agit en même temps de ne pas sous-estimer les écueils. Selon le dernier recensement qui a enfin apporté des statistiques sur le phénomène, elles seraient déjà 107 000 exploitations à vendre ainsi une partie de leurs productions. Et, à côté des formes plus traditionnelles et plus anciennes de circuits courts comme les marchés, la vente à la ferme, etc., se développent des formules plus récentes comme la vente sur internet, les magasins de producteurs, les Amap et autres « ruches ».

En quelques années à peine, c'est presque un consensus national qui a émergé autour de l'alimentation de proximité et de son corollaire, les circuits courts. Le Grenelle de l'environnement leur a attribué son onction et les a consacrés en tant que modèles à suivre. Le monde politique, toutes tendances confondues, en fait désormais sa coqueluche pour protéger les paysans contre le mauvais sort de la mondialisation, tout en recréant un lien direct, empreint d'authenticité, entre le client devenu « consom'acteur » et le producteur. « Le local, c'est l'avenir, la modernité, le révolutionnaire ! », déclarait, presque lyrique, le ministre de l'Agriculture, il y a quelques mois. Les collectivités locales (mairies, conseils généraux et régionaux) surfent aussi sur la vague. S'il est vrai que c'est bon aussi pour l'image, elles sont logiquement interpellées car chargées de la restauration collective de bon nombre de Français.

Réussir le pari de fournir des menus locaux dans les cantines, voilà donc un chantier phare pour les prochaines années. Sachant que nos concitoyens comprennent de moins en moins que l'on recourt à des produits ayant voyagé sur des milliers de kilomètres alors que l'on peut en trouver plus près, on peut se dire que la flambée en cours du prix de l'énergie va ajouter un intérêt supplémentaire aux circuits courts...