Nicolas Jaubert, l'animateur des marchés de producteurs de pays (MPP) à la chambre d'agriculture de Tulle, se plaît à évoquer leur création : « Les producteurs étaient noyés sur les marchés de la région, au milieu des revendeurs. Ils ont voulu créer un marché dédié avec remise directe de leurs produits. Nous avons ajouté les animations festives autour d'assiettes de produits locaux. »
Aujourd'hui, dix-huit communes accueillent neuf marchés durant l'été. Elles paient jusqu'à 1.500 € le plaisir d'accueillir un MPP. La cotisation des producteurs varie de 55 à 150 € suivant leur chiffre d'affaires pour neuf dates. Les Corréziens organisent également des marchés événementiels dans 30 autres communes, « pas davantage faute de producteurs », précise Nicolas Jaubert.
29 départements ont adhéré à la marque MPP. En collaboration avec des producteurs de ce réseau, les Corréziens donnent également rendez-vous deux fois l'an aux Parisiens sur trois marchés.
Deux autres rendez-vous sont à l'étude. « Nous avons créé un système de livraison groupée, La Corrèze dans l'assiette, à destination de la Capitale : deux producteurs livrent square des Batignolles, un vendredi par mois, soixante paniers commandés sur internet. »
Dernier projet en cours : « Un point de livraison et une plate-forme d'approvisionnement à Tulle. »
En chiffres
• Vingt-neuf départements.
• 370 lieux.
• 2.000 marchés.
• 2.500 producteurs.
Expert : ANNE-MARIE SCHMUTZ, en charge de l'appui aux projets de proximité à la chambre d'agriculture du Rhône
« Nous créons des filières longues de proximité »
« Dans le Rhône, la vente directe touche près de la moitié des exploitations. Ce qui est nouveau, c'est l'intérêt porté par les élus, maires ou sénateurs. Ils veulent des produits vendus par les agriculteurs dans leur zone commerciale, le centre de leur bourg ou leur restauration collective.
Les produits locaux, les paniers, c'est visible et populaire. Aux élus qui nous appellent, nous conseillons d'aller vers des groupes de producteurs structurés. Les structures qui se montent aujourd'hui reposent sur des hommes qui ont une vision entrepreneuriale.
C'est le cas de Saveurs du coin qui a créé un point de vente de producteurs identifiés comme tels dans le cadre de trois hypermarchés. Pour desservir ces points de vente, ainsi que ses clients en paniers et la restauration collective, Saveurs du coin a aussi monté une plate-forme d'approvisionnement.
Tout cela reste à consolider car il faut assurer le suivi en quantité, qualité, délais, gamme, gérer du personnel. Bienvenue dans le monde de l'économie de marché ! Sur ces créneaux, il ne faut pas uniquement penser au prix, mais aussi à ce qu'attendent les consommateurs quand il s'agit de vente par des producteurs, aux services apportés (des maraîchers ont monté une légumerie), aux animations sur place.
Des producteurs encore un peu plus spécialisés réfléchissent à monter des filières longues mais locales. Un groupe de céréaliers associés à un meunier et à un boulanger vient de monter l'association Robin des champs pour produire de la farine locale, un pain local. Cela a du sens face à la mondialisation. Comme les agriculteurs ne peuvent absorber tous les métiers, ils recherchent des partenariats.
La chambre d'agriculture noue des partenariats quand les producteurs le demandent. Reste le pilotage : la maîtrise doit rester aux mains des producteurs. Un appel d'offres a été lancé par la ville de Lyon, qui veut relancer les halles de la Martinière. Nous avons réuni trois structures de producteurs : Saveurs du coin, les Robins des champs et un groupe de viticulteurs des Coteaux du Lyonnais.
Nous étions en concurrence avec des groupes de la grande distribution. Notre projet est retenu avec six autres pour une présentation orale. Cela motive les 90 producteurs impliqués de pouvoir entrer dans Lyon ! »