5 tonnes de MS/ha. « Les conditions météo ont été favorables et nous avons récolté 5 t de MS/ha », expliquent Didier et Sylvie Celles (à gauche.) et Laurent Puyjalon.
« L'an passé, pour reconstituer nos stocks fourragers, nous avons implanté un mélange à base de millet, expliquent Sylvie et Didier Celles, associés avec Laurent Puyjalon à Sioniac, en Corrèze. Pendant l'hiver, nous le distribuons aux génisses laitières. Cela nous évite d'acheter du foin. »
A cause de la sécheresse du printemps, les vendeurs de semences étaient dévalisés. « La seule dérobée disponible en juin était un mélange de millet et de trèfle d'Alexandrie », se souvient Didier.
Sans connaître trop les exigences de la culture, mais devant l'état catastrophique des stocks, les associés en sèment 2 ha avec un semoir à céréales en ligne après la récolte de l'orge.
La culture a reçu ensuite 70 unités d'azote. « La levée a été satisfaisante », se souvient Didier. Mais à l'automne les pluies ont cessé.
« Certaines zones de la parcelle ont souffert, signale Laurent. Le 10 octobre, au moment de la récolte, les plantes étaient épiées. Nous avons récolté environ 5 t de MS/ha. Avec quelques millimètres de plus en septembre, le rendement aurait pu être beaucoup plus important. »
Un enrubannage appétent
Le fourrage fauché, puis andainé, bottelé est enrubanné le lendemain. A l'époque, les associés restent prudents devant le stock. « Les tiges sont très ligneuses, nous n'étions pas sûrs qu'elles soient très appétentes, d'autant que le trèfle est peu abondant », se souvient Sylvie.
Mais comme le fourrage colle au toucher, les associés soupçonnent la présence de sucres et une bonne appétence. Les génisses ont d'ailleurs dévoré la première balle disposée dans le libre-service.
« Aujourd'hui, nous le distribuons à parts égales avec du foin aux génisses de 1 à 2 ans. Elles reçoivent en plus 2,5 kg de concentré à 18 % de protéines du commerce. Le fourrage que nous évaluons à environ 30 % de MS possède une odeur agréable. »
La croissance des jeunes femelles n'est pas mesurée, mais les associés ne constatent pas de différence et de retard par rapport aux années précédentes.« Sans l'enrubannage de millet, nous aurions dû acheter au moins 10 t de foin, juge Laurent. En juin dernier, on nous le proposait à 250 €/t presque au même prix que la luzerne déshydratée. Dans ces conditions, nous aurions dû débourser environ 2.500 €. Nous avons dépensé environ 600 € pour les 2 ha entre l'implantation et la récolte, notre expérience "millet" est plus que satisfaisante. »
Pour autant, la dérobée ne reste qu'une solution de rattrapage. « Nous comptons beaucoup plus sur la culture de la luzerne, qui a produit quatre coupes, et dont nous allons augmenter la surface pour consolider notre système fourrager, expliquent-ils. Car nous allons devoir nous habituer à la sécheresse ! »
Températures : besoins de chaleur
« Le millet, encore plus que le sorgho, a de forts besoins en sommes de température pour se développer, précise Laurent Cipière, de Jouffray Drillaud. Mieux vaut donc le réserver aux régions situées au sud de la Loire. »
Attention à la terre
Il existe peu de références sur le millet. Plusieurs chambres d'agriculture ont effectué des essais. Dans le Cher, « la valeur nutritive au stade de l'épiaison avoisine 0,73 à 0,75 UFL pour 10 à 11 % de protéines, indique Yvan Lagrost, conseiller en bovins à viande à la chambre d'agriculture. Ces fourrages sont aussi bien pourvus en énergie qu'un enrubannage de prairie au stade de l'épiaison, mais leur teneur en azote est plus faible. Les analyses révèlent un fort taux de matière minérale, ce qui laisse supposer la présence de terre. Mieux vaut éviter de distribuer le fourrage aux vaches en lactation, surtout s'il est récolté sous forme d'enrubannage avec un faible taux de matière sèche. »