En 2011, la sécheresse a surpris par sa précocité. Faute de précipitations, la pousse de l'herbe s'est très vite ralentie au printemps. Certains éleveurs ont commencé à affourager leur troupeau dès la mi-mai. Ils n'ont surtout pas pu constituer des stocks pour l'hiver. Fin mai, l'Institut de l'élevage estimait le déficit à 15 millions de tonnes de matière sèche. Une situation alarmante, qui a créé un mouvement de panique sur les marchés. Les éleveurs ont accéléré leurs réformes. Cet engorgement a provoqué une chute des cours. Le retour de la pluie, cet été, a limité les dégâts. Mais pas au point de compenser le retard pris en termes de stock. Selon Agreste, au 20 octobre, le déficit s'élevait toujours à 18 %. Certaines régions, comme le Centre, les Pays de la Loire, l'Aquitaine et le Poitou-Charentes, sont très touchées, avec des pertes supérieures à 30 %. Pour remplir les granges, les éleveurs se sont reportés sur la paille. Mais où l'acheter et à quel prix ? La FNSEA a lancé une opération nationale via son réseau pour mettre en relation les céréaliers et les éleveurs. Des actions de solidarité se sont aussi mises en place. Mais la difficulté ne s'est pas arrêtée là. Il a ensuite fallu trouver des moyens de transport pour ramener le fourrage des zones céréalières vers les régions d'élevage. Or en plein été, difficile de trouver des transporteurs. Ce n'est qu'à la rentrée que les livraisons ont pu battre leur plein. Le train a été réservé à quelques destinations éloignées et les négociations avec la SNCF ont été difficiles. Tant bien que mal, la paille est finalement arrivée dans les exploitations.

SOUTIEN AUX TRÉSORERIES

Dès le printemps, les syndicats minoritaires ont demandé une « année blanche », tout en reprochant à la FNSEA d'attendre mi-juin pour travailler sur ce dossier avec le gouvernement. L'appel aux banques de Bruno Le Maire du 18 mai « à se mobiliser pour trouver des réponses concrètes » aux agriculteurs les plus en difficulté, ne les a pas vraiment rassurés. Le 9 juin, le président Sarkozy, en visite chez un éleveur de bovins en Charente, annonçait un plan d'aide. Ce dernier n'a été mis en place qu'à partir de septembre.

Report d'un an des annuités. Les éleveurs peuvent demander à leur banque le report d'une annuité du prêt de trésorerie souscrit dans le cadre du plan de soutien de 2009 (PSEA). Il n'y a pas de report en fin de tableau, comme le réclamaient les syndicats, mais un étalement d'une annuité sur les échéances restantes, sans allongement de la durée de remboursement. L'État prend en charge le surcoût d'intérêts. Sur 79 000 prêts de trésorerie du PSEA, un bon tiers concernerait des éleveurs.

Exonération de taxe sur le foncier non bâti (TFNB). Tous les agriculteurs situés dans une zone reconnue sinistrée bénéficient en 2011 d'une prise en charge partielle de la TNFB. Le niveau de prise en charge est lié au taux de calamité retenu dans la zone. L'enveloppe réservée était de 300 millions d'euros.

Plusieurs conseils généraux et régionaux ont mis la main à la poche pour aider leurs éleveurs par une aide au transport de fourrage, à l'achat de paille ou de semences de dérobées.

Paiement avancé des aides Pac au 17 octobre (dont 2/3 de la PMTVA) et le solde en décembre.

Indemnisation par le Fonds des calamités. Le 12 juillet, le Comité national de l'assurance en agriculture (CNAA) reconnaissait le caractère de calamité agricole pour la sécheresse dans 41 départements, sur tout ou partie de leur territoire. Fin août, 65 départements étaient identifiés sinistrés. Les arrêtés de reconnaissance étaient pris dans la foulée. Dès le 20 juillet, les éleveurs pouvaient demander une indemnisation via internet sur Telecalam. Pour être éligible, l'éleveur doit justifier d'une perte de 13 % de son chiffre d'affaires. Début septembre, le Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA) débloquait 100 millions d'euros pour les premiers acomptes versés sur la base d'une perte de 30 % de fourrage (herbe et maïs sec ensilage). Ce taux de perte de 30 % a été réajusté pour chaque département le 15 décembre (voir en page 16), pour calculer l'indemnisation définitive, payable avant février 2012. Au total, la sécheresse coûtera 241,7 millions d'euros au FNGRA.

Cotisations MSA aménagées. Fin mai, la MSA promettait à ses assurés en difficulté des délais de paiements de juin à octobre. À l'automne, des aménagements de paiement étaient étudiés au cas par cas.