Trèfle, pois, fénugrec, féverole, vesce, etc., cumulent deux avantages : ils sont capables d'absorber une partie de l'azote restant dans le sol après moisson et quand celui-ci vient à manquer, ils fixent l'azote de l'air.

Dans un essai mené par l'ITCF (1) conduit à Villexanton (Loir-et-Cher) en 1991, un trèfle semé le 21 août et détruit le 27 novembre parvient à absorber jusqu'à 60 kg/ha d'azote, soit seulement dix kilos de moins que la phacélie.

Arvalis a reconduit d'autres essais ces dernières années : les premiers résultats sont prometteurs même si les itinéraires techniques peuvent encore être peaufinés.

Semés le 11 août 2010, dans des sols de graviers profonds (Saint-Exupéry, Rhône), les couverts à base de légumineuses (trèfle incarnat, trèfle de Perse, vesce de printemps), ont reçu 20 mm d'eau d'irrigation pour assurer la levée.

Ensuite, la période estivale a été assez arrosée (300 mm) pour permettre une production de biomasse comprise entre 2,6 t/ha (trèfle de Perse), 3,1 t/ha (vesce) et 4,6 t/ha (trèfle incarnat).

Les quantités d'azote contenues dans les parties aériennes atteignent respectivement 100, 120 et 160 kg/ha. Les résultats obtenus en 2011 sur plusieurs sites corroborent parfaitement ces données.

« Un des principaux écueils auxquels sont confrontés les agriculteurs tient à la pluviométrie estivale qui fait parfois défaut, reconnaît Jean-Pierre Cohan, ingénieur chez Arvalis. Or, pour produire une biomasse suffisante, les légumineuses qui ont de fortes exigences en somme de températures devraient idéalement être semées au plus tard le 15 août et lever dans la foulée. A contrario, une émergence tardive et échelonnée réduit à coup sûr leur efficacité. »

Gérer la destruction

La date de destruction du couvert constitue la seconde étape cruciale. Une destruction trop tardive peut entraîner des effets dépressifs sur la culture suivante, notamment dans les argiles.

« Dans des terres sans problème de structure comme les graviers de Saint-Exupéry, un broyage deux mois avant le semis de maïs ne pose pas de souci, assure Jean-Pierre Cohan. Ailleurs, il est préférable d'intervenir un peu plus tôt. De même, avant une orge de printemps, espèce sensible à la qualité du lit de semences, une destruction fin novembre apparaît plus opportune. »

Sur le site du Rhône, les légumineuses se différencient des autres couverts par une fourniture d'azote total de l'ordre de 100 à 120 u/ha contre 10 à 20 u/ha pour les autres espèces. Cela se traduit directement sur le rendement du maïs grain obtenu sans azote minéral épandu, puisque derrière légumineuse il est proche de 130 q/ha quand il stagne à 80 q/ha sur sol nu et 85 q/ha après une moutarde.

Les résultats sont moins spectaculaires avec le tournesol. « Une des raisons tient au fait que nos essais ont été menés dans des régions (Poitou-Charentes, Sud-Ouest) où les légumineuses produisent une faible biomasse (0,33 t/ha de matière sèche en moyenne) », commente Jean Lieven, ingénieur au Cetiom.

Malgré ces réserves, l'intérêt des légumineuses ne se dément pas, surtout dans les sols les plus pauvres avec des gains de rendement par rapport au sol nu de 7 % pour une destruction avant l'hiver et de 3 % en sortie d'hiver.

_____

(1) Institut technique des céréales et des fourrages, devenu Arvalis-Institut du végétal.

 

Comparaison : faible C/N

 

Les légumineuses qui possèdent de faibles rapports carbone sur azote C/N (10 à 15) contre 30 à 35 pour une moutarde, relarguent plus rapidement de l'azote dans le sol par minéralisation qui sert à la culture suivante.

Orge de printemps et minéralisation

Les légumineuses en interculture ont un impact direct sur la fertilisation de l'orge de printemps. Afin d'éviter tout risque de franchissement du seuil de 11,5 % de protéines, Arvalis propose, après avoir effectué une mesure du reliquat en sortie d'hiver, d'intégrer cet apport d'azote via la minéralisation au bilan en ajoutant un certain nombre d'unités selon la production de matière sèche du couvert et son époque de destruction.

Par exemple, avec un couvert de 2 tonnes par hectare de matière sèche détruit en novembre, l'apport est estimé à 20 u/ha. Pour une destruction en janvier, il est de 30 u/ha.