Depuis les dégâts de 2009, je suis encore plus attentif.
En 2009, les dégâts ont été très importants.
« Compte tenu des fortes attaques d'altises d'hiver ces deux dernières campagnes, j'étais quasi décidé à arrêter le colza cette année », confie Francis Charraud, agriculteur à Mouton (Charente).
Avant, l'insecte ne nécessitait qu'un ou deux traitements. Mais il y a deux ans, les semis de colza n'ont pas pu être réalisés dans de bonnes conditions, l'humidité du sol n'étant pas satisfaisante. Les plants étaient clairs et fragilisés.
« S'est ajoutée une pression inhabituellement forte et des vols étalés de grosses altises sur une partie de la région », évoque Francis.
Observant les altises d'hiver dans ses cuvettes jaunes, il avait traité deux fois avec Talstar à 0,75 l/ha. Il s'est pourtant vite aperçu que les insecticides n'avaient pas été très efficaces, mais a pensé à tort que le colza serait capable de se rattraper.
Surface en diminution
« Pas vigoureux en automne, à la reprise de végétation, je les ai vus régresser de jour en jour », se remémore-t-il. Certains pieds ont disparu et une parcelle a même été retournée. Francis gardait espoir pour la surface restante, mais c'était sans compter sur les larves de ce coléoptère, qui étaient descendues dans le bourgeon terminal.
« Je me suis retrouvé à la floraison avec des colzas minables, qui ne faisaient pas plus de 70 cm de hauteur, ajoute l'agriculteur. De plus, comme les plantes étaient clairsemées, les parcelles étaient très sales. » Vu le potentiel, il n'a d'ailleurs réalisé qu'un traitement contre les méligèthes et aucun fongicide.
Avec un rendement de 7,5 q/ha à l'arrivée, il s'est interrogé sur le maintien du colza dans son assolement. Toutefois, comme il s'agissait du premier échec en une trentaine d'années de culture, il a décidé d'en ressemer en 2010.
« J'ai fait partie des quelques téméraires de la région à continuer. Mais je n'en ai mis que 15 ha sur les 30 habituels », souligne-t-il.
Volume de bouillie augmenté
Avec des implantations à la fin d'août 2010 beaucoup plus réussies, les colzas étaient beaux. « Je suis pourtant resté très vigilant. J'ai visité mes parcelles et observé les cuvettes jaunes plus souvent », spécifie l'exploitant. Et, en effet, les vols de grosses altises ont été encore une fois importants et étalés. Trois interventions avec la même pyréthrinoïde de synthèse qu'en 2009 ont été nécessaires.
Elles se sont déroulées de la fin de septembre au début de novembre : la première contre les adultes et, les deux suivantes, plutôt contre les larves avec en plus de l'huile minérale, qui augmente l'efficacité des spécialités. Sur les conseils de son technicien de Charente coop, il a de plus augmenté le volume de bouillie de 100 à 200 l/ha pour, là aussi, accentuer l'efficience.
Même si les résultats semblaient corrects, Francis a bien vu que les colzas avaient des difficultés. Le climat a finalement été favorable, puisque le rendement a atteint 31 q/ha.
Cette année, il a refait 17 ha de colza et reviendra peut-être à la surface habituelle dans les années à venir. Il est resté attentif à la pression grosse altise, qui a été moins importante puisque deux pulvérisations de Satel à 0,1 l/ha ont suffi, mais les colzas sont aussi davantage développés. Il a également décidé de passer à 250 l de bouillie.
Traitement de semences plutôt sur petites altises
Cette année, les semences de colza ont été traitées au Cruiser OSR. Francis Charraud précise toutefois que ce traitement n'a une efficacité qu'en début de végétation, soit davantage sur les petites altises.
Suivre les seuils d'intervention
Le Cetiom conseille d'intervenir sur adultes jusqu'au stade des 3 feuilles inclus si 8 pieds sur 10 comportent des morsures pour les levées d'avant le début d'octobre.
Pour celles plus tardives, le seuil est abaissé à 3 pieds sur 10 avec morsures.
Pour les larves, il faut couper longitudinalement les pétioles du stade des 5-6 feuilles au décollement.
Le traitement est recommandé si au moins une larve est observée dans 7 pieds sur 10.