Alors que la traite robotisée est entrée dans les moeurs, elle reste inaccessible pour ceux qui ont récemment investi dans une installation en double quai ou dans un manège. L'horizon s'éclaircit toutefois pour les propriétaires de rotos, avec l'arrivée du manège robotisé de DeLaval. Sur cette installation de traite baptisée AMR, le nettoyage des trayons et la pose des gobelets sont effectués par quatre bras robotisés. L'avantage du système, c'est que la robotisation peut être mise en route plusieurs années après la mise en place du roto, ce qui permet d'échelonner l'investissement.
À PARTIR DE 300 VACHES
Conçu pour répondre aux besoins d'éleveurs australiens, l'AMR s'adresse aux très grosses structures d'au moins 300 vaches. Autant dire que peu d'élevages français seront concernés par cette technique dans un avenir proche. En Europe, une ferme suédoise vient d'investir dans les bras robotisés. Les éleveurs, Stefan et Karin Löwenborg, ont investi en 2000 dans un manège pour traire leurs 415 rouges suédoises. Ce roto de vingt-quatre postes a été surdimensionné à l'époque afin d'anticiper l'agrandissement du troupeau, qui compte aujourd'hui 450 laitières. Dix ans plus tard, les deux éleveurs ont fait le choix d'installer des bras robotisés pour remplacer les deux trayeurs. « Nous continuons à nous lever le matin pour mettre la machine en route, précise Karin Löwenborg. Mais ensuite, nous utilisons le temps autrefois consacré à la traite pour distribuer l'aliment, soigner les veaux et surveiller les performances du troupeau avec nos différents logiciels. » Il faut près de cinq heures pour traire les 450 laitières, réparties en cinq lots, avec une moyenne de 28 l/j et par vache. Karin branche encore manuellement les vingt-cinq individus qui ne peuvent pas s'adapter au robot en raison de la conformation de leurs trayons, les deux éleveurs ayant choisi de ne pas réformer ces animaux. « Un choix que nous n'aurions pas fait avec un robot classique », précise Karin.
AUTOMATISER L'ALIMENTATION
À une centaine de kilomètres de là, Patrick et Elin Johansson ont opté pour des robots classiques, avec quatre stalles pour traire près de 300 laitières. Après avoir automatisé la traite en 2008, les Johansson ont décidé de robotiser l'alimentation. « Nous devions consacrer autour de quatre heures par jour à cette tâche, se souvient Patrick, et les vaches étaient nourries deux fois par jour. » Avec l'adoption du robot d'alimentation, l'opération ne prend plus que trente minutes. L'installation comprend une station de mélange fixe placée dans un hangar proche de la stabulation et des silos. Quatre unités de stockage conservent l'ensilage, la pulpe de betterave, le concentré et la paille. Tous sont chargés automatiquement dans le robot d'alimentation, en fonction de la ration programmée par les éleveurs. Le chargement s'effectue aliment par aliment, avec une pesée systématique. Le robot mélange la ration puis se déplace dans la stabulation sur un rail suspendu pour distribuer la ration. Il peut réaliser des rations différentes selon les lots d'animaux. « Le robot est équipé d'un racleur qui repousse la ration vers l'auge lorsqu'il retourne à la station de mélange, indique Patrick. Cette petite astuce nous évite de passer dans les auges pour repousser l'ensilage. » Chez les Johansson, la robotisation a permis de passer de 70 à 300 vaches sans augmenter la main-d'oeuvre. Mais les gains sont aussi économiques puisque les vaches sont alimentées dix-huit à vingt fois par jour.
Comme dans tous les élevages robotisés, le comportement des animaux et les rapports de dominance doivent être surveillés afin que les individus « têtes de Turc » ne se voient pas refuser l'accès au robot ou au Dac (distributeur automatique de concentrés). A cet effet, Lely propose un système de barrière automatique qui protège la vache dès qu'elle s'approche du Dac, évitant ainsi que ses congénères ne la délogent brutalement. D'autres adaptations sont à l'étude chez les différents constructeurs pour résoudre ces problèmes de dominance, qui peuvent pénaliser les performances économiques d'une grosse structure.